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"Taper la route" dans le Phare de Ré

Publié le par Eric Bertrand

Il est toujours intéressant de lire un point de vue sur un livre que vous présentez dans tous les sens quand ce point de vue est écrit par un journaliste qui a vraiment lu le livre, ce qui souvent n’est pas le cas ! Voici en tout cas le bon papier rédigé par le journaliste du « Phare de Ré » qui a déjà rédigé des articles au sujet de quelques-uns de mes autres ouvrages.

"Taper la route" dans le Phare de Ré

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« Les vivants et les morts » de René Frégni Quand les mots font rougir les lunettes de l’écrivain…

Publié le par Eric Bertrand

Il y a toujours une dimension chaplinesque dans les romans de Frégni…

Le narrateur du nouveau roman : « les Vivants au prix des morts » est un homme sensible, tendre, attentif que je connais bien. Un poète paisible, installé dans les collines de Manosque, qui laisse le mistral et le souvenir de Giono écorner les pages de son cahier, souffler sur l’encre de sa plume… Pour un ami, il y a quelque chose d’émouvant dans le fait de lire à travers ces lignes du journal commencé le 1er janvier comme une page de nouvelles qui parlent de Marilou, d’Isabelle, de l’appartement de Manosque, de la petite place en bas et de la savoureuse pizzeria où nous avions dîné un soir.

Et puis un jour, un 22 janvier, brutalement, le tragique rattrape le héros des « Chemins noirs » (premier roman de René) et le lecteur se demande comment le malheureux chantre de la nature et de la beauté des femmes va pouvoir cette fois-ci retrouver le grand jour, les mésanges et le sentier sous les amandiers.

La tenaille du roman noir écrase l’ouvrier des mots qui, par générosité, se rend malgré lui complice d’un ancien détenu de la prison des Baumettes (dans laquelle il a animé des ateliers d’écriture). Au-dessus de son établi et de son étau, l’écrivain alchimiste équipe son second personnage de lunettes rouges ridicules et d’un pantalon à la Jerry Lewis. Portées par la folie de la cavale, les lunettes s’embrasent et le pantalon trop court remonte sur la chair nue, à vif comme les nerfs…

 

René Frégni

René Frégni

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Les villes fantômes des déserts américains

Publié le par Eric Bertrand

Il règne une atmosphère très particulière dans certaines zones perdues des déserts américains. On touche de près les mythes et les échos de toutes les images enregistrées... C'est le creux de l'écriture dans "Taper la route", témoin cet extrait du chapitre "la Vallée de la Mort".

 

« Une voiture s’arrête enfin. Saisissante, ténébreuse, une Plymouth Fury, le modèle mythique de « Christine », le film de John Carpenter. Sur l’ordre du conducteur, qui a jeté la valise et le reste dans le coffre, John et Lucky s’écrasent à l’arrière et s’endorment aussitôt sur la banquette en plastique dont la matière se liquéfie sous leurs cuisses. L’homme à l’avant se retourne à plusieurs reprises, surpris du comportement de ses passagers. Le désert est d’un ennui absolu, surtout quand on a chaud et qu’on cherche une distraction. Sans doute espérait-il trouver un réconfort dans la compagnie d’autostoppeurs vifs et truculents qui lui auraient raconté des aventures extraordinaires et des blagues cochonnes. »

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Funérailles de Johnny Hallyday et « quelque chose de tenez ici »…

Publié le par Eric Bertrand

Images de la remontée des Champs Elysées par la voiture qui amène à son bord le corps de l’idole… Et le reportage diffuse en fond la chanson de Michel Bergé : « Quelque chose de Tennessee ».

             Quelque chose de saisissant dans ces images… Une surface close et brillante dans laquelle repose la silhouette d’un homme soudainement si proche.  Quelque chose en nous de « tenez ici »… « Tenez ici », sur cette longue avenue, sur les écrans des portables, dans les phares allumés, dans les yeux de ceux qui chantent ou de ceux qui pleurent, dans les rétroviseurs de la mémoire ou des Harley Davidson. A quoi ça tient, une existence ? « Tenez ici », dans quelques centimètres carrés de rétrospective. « hommes faibles et merveilleux, qui mettez tant de peine à vous retirer du jeu… », « quelque chose de Tennessee » !

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Johnny, c’est l’homme et nous autres hommes chantons tous une chanson de Johnny Hallyday… « All the world is a song and all the men and women merely singers”

Publié le par Eric Bertrand

Dans la vie d’un homme, d’abord il y a des cris. Des cris comme ceux de la chanson que lui a écrite Françoise Sagan, « les premiers cris », ou comme ceux de la bête de scène hurlant dans l’arène, « Que je t’aime », ou « La musique que j’aime »… Tellement d’autres encore… Au point de susciter l’agacement : « qu’est-ce qu’il peut gueuler, ce Johnny ! » Les partisans de la chanson paisible et d’un certain répertoire « anti yéyé » l’ont maudit, rabaissé, provoqué : « Quoi, ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »

    Et pourtant, personne ne peut rester insensible à Johnny parce que, dans l’immense organisme de ses chansons, s’agite et s’exprime une humanité presque dérangeante. Si, comme disait l’autre, « la vie est un théâtre », avec Johnny, on peut affirmer que la vie est une chanson, un drame en sept âges et « jusqu’à la dernière syllabe du temps ».

    Alors, lever de rideau sur « La Vie d’un homme »… « Le premier cri que j’ai poussé, c’était le cri d’un nouveau-né… », « Je suis né dans la rue », « Pour moi la vie va commencer »… Et en avant ! « Johnny Rider », « Je roule en tête et la bande me suit »… Surtout ne pas « oublier de vivre ». « Vivre pour le meilleur », « Allumer le feu », « retenir la nuit », dans les « cheveux qui s’étalent, comme un soleil d’été ». Etre comme Diégo, « libre dans sa tête », « essayer, tous les grands mots, amour et paix… ».

    Sentir malgré tout, les signes d’une défaillance : être comme le chanteur « abandonné, oui, abandonné »…Se redresser toujours, avoir « quelque chose de Tennessee »… Tenir le volant, coûte que coûte, comme dans un clip, au grand projecteur de la scène. « Chaque homme joue son rôle »… Enfiler un blouson, sortir une cigarette.  Visage crispé, tendu. « Il neige sur Nashville »… Et peu à peu, l’horizon devient flou, « le masque tombe », Croiser des visages, marcher tout au long d’une route hasardeuse, gratter sa guitare ou gratter sa plume, « aimer vivre », retrouver des « souvenirs, souvenirs ». La voix vibre, les muscles tressaillent, le cœur palpite, « ainsi disparut Tennessee ».

    « Hommes faibles et merveilleux qui mettez tant de grâce à vous retirer du jeu… » C’est un vagabond rebelle et blessé qui tourne alors le dos. Il a repris sa route, cette route longue et aventureuse mais même pas 66, jusqu’aux « Portes du Pénitencier ». Le cheveu a commencé à grisonner, « Cadillac, il était comme moi »… Et Cadillac avance lentement. S’écarte malgré tout de la terre sacrée de la « Monument Valley ». « Ici la terre est rouge… J’en ai vu des soleils se lever par milliers »

    Il lève doucement les yeux, il a le panache et l’audace de regarder là-haut, bien au-dessus du « Mirador ». « C’est la nuit dans le quartier des fous. Les matons ont tiré les verrous. »… Et puis enfin, il tombe à genoux : « Jamais, devant personne, je n’ai mis un genou par terre pour supplier… ». L’asphalte brille encore, « dessine sous son corps des montagnes, des forêts et des îles au trésor ». Une dernière fois, il trouve la force de crier, de crier sa rage. Ange maudit, il défie le ciel : « Prends ma vie !... Pour sauver mon amour, je n’ai rien à t’offrir d’autre ».

 

Johnny Halliday

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