Dernier « tour de piste » pour collège au cinéma, avec
« le Bal des Vampires » de Roman Polanski...
Le scénario est simple, une belle rousse, Sarah, fille d’un aubergiste des
Carpates, (incarnée par la malheureuse Sharon Tate), est enlevée par le redoutable comte Von Krolock qui l’entraîne dans son château pour
l’offrir en sacrifice au fameux bal des vampires... Mais le comte a à ses trousses deux chasseurs de vampires, le professeur Abroncius et
son disciple Alfred, tombée amoureux de la belle...
Disons le tout de suite, le film appartient au genre de la parodie et
en agite toutes les ficelles. Quand on sait que la parodie consiste à détourner les codes d’un genre, revisitons rapidement ce qui constitue
le film de vampires type... Atmosphère d’angoisse, gousses d’ail, crucifix, Loups garous, chauve-souris, nuit de pleine-lune, personnages
grotesques, jeunes femmes plantureuses à la chair rose...
On trouve naturellement tous
ces ingrédients dans le film de Polanski... Mais sa qualité essentielle, surtout si on a la chance de le voir sur grand écran, se situe au niveau du travail des lumières, des couleurs et des effets de composition. En bref, le scénario, somme toute assez mince, s’enrichit d’une déambulation à travers
une série de tableaux qui rappellent à tout moment à la fois l’univers de Rembrandt, de Vermeer ou encore de Friedrisch... Ce qui vérifie une fois de plus l’idée que, dans tout travail
artistique, l’objectif de l’artiste est de trouver le bon motif qui sert de prétexte au déroulement de ses obsessions.
Dans l’auberge perdue des Carpates, où arrivent en traineau nos
deux « clowns », des figures inquiétantes servent de comité d’accueil. Ils ont des trognes sorties tout droit de tableaux de
Rembrandt et pénètrent dans la camera oscura des peintres flamands. Et puis on rentre dans la chambre, on s’enfonce dans les dessous de la
domesticité, les fantasmes de l’aubergiste (un rougeaud concupiscent qui se lève la nuit dans l’espoir d’étreintes ancillaires...)
Les femmes sont délicates, affairées, filmées avec
beaucoup de tendresse. On dirait des jeunes filles à la perle, des laitières ou des dentelières. De quoi exciter la convoitise du premier
vampire venu. Les scènes de morsure sont de nature très érotique. Von Krolock mord dans Rubens... Et puis le traineau s’en va dans la neige,
monte sur les sommets et le spectateur est sous la lune transporté dans un tableau de Friedrich. Au terme du voyage, « au-dessus d’une mer de nuages », il y a le décor éminemment
gothique du château et de la crypte des vampires...