Françoise Hardy : comment lui dire adieu ?
C’est une rose en bouton, une silhouette furtive, gracile et gracieuse dont la voix douce qui passe sur les ondes est celle d’une ondine qui se cache sous les roses de « la maison où elle a grandi ». Mais sa rose à elle est unique, c’est « son amie » et elle lui rappelle « des tas de choses » et aussi « qu’on est bien peu de chose » …
Bob Dylan, David Bowie, Mick Jagger, et tous ceux qui « aiment les filles » trouvent aussi que la rose au jardin est « mignonne » et qu’il faut aller la voir… Mais quand les yéyés roulent avec leurs yoyos, à peine « éclose », elle avance précieuse, enveloppée dans « les plis de sa robe pourprée » dessinée à la mode de l’époque par André Courrèges ou Paco Rabanne ; et rien ne dérange, et rien ne fait fausse note quand elle envoie son message tout personnel.
C’est désormais « le temps de l’amour et de l’aventure » et « son cœur de silex vite prend feu ». Cette vie nouvelle, elle ne veut la manquer, « sous aucun prétexte ». « Maintenant, la ville est là, les lumières, les amis, la chance » … Mais un soir, hélas, elle sent que le vent tourne et que « le Temps passe à pas de géant ». Du fond de sa conscience à marée basse, elle écrit : « Les fleurs que j’aimais tant ont disparu, où sont les pierres, où sont les roses ? » Elle avait prévenu dans une autre chanson : « Aucun sable ni la dune n’arrête le sablier quand je prendrai le large. »
Aujourd’hui, l’ondine s’est en allée mais elle nous a « fait une place dans sa bulle » et, sur les ondes, a laissé son sillage et son microsillon, la marque d’un accord de guitare, d’un vent léger : « Blowing in the wind ».