Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Dosette de lecture n°124 : Barbey d’Aurevilly : « Une Vieille maitresse ». Le chiffon rouge de la passion

Publié le par Eric Bertrand

Quel pouvoir surnaturel la fille d’un toréador peut-elle exercer sur un libertin qui vient d’épouser la femme qu’il aime, la belle et aristocratique Hermangarde de Polastron ? « La vieille maitresse » qui a passé « un serment de sang » avec son ancien amant s’appelle Vellini. C’est une Malagaise, et son tempérament de feu et son impétuosité rappellent celui de ces « diaboliques » que Barbey a mises en scène dans un autre recueil tout aussi édifiant. Bien que le couple se soit retiré dans son manoir, au cœur de l’hiver, rien ne semble pouvoir arrêter la frénétique Vellini dont le désir est une lame de fond…

Comme dans tous les romans de cet auteur, originaire du Cotentin, le lecteur retrouve l’âpreté et la sauvagerie de cette côte romantique qu’il connaît bien et qu’il se plaît à décrire en y insufflant une violence et une magie souvent empruntées à Shakespeare et aux légendes qui rôdent dans une presqu’île bien éloignée des salons parisiens et de toute civilisation, une presqu’île découpée et austère où soufflent le vent et la passion. Dans un autre roman, « L’Ensorcelée » dont le titre pourrait convenir au héros de cette histoire, il écrivait : « J’ai tâché de faire du Shakespeare dans un fossé du Cotentin ». Nul doute que la romance entre la jeune épouse et le libertin repenti ne prenne, dans ces landes dignes des sorcières de Macbeth, des couleurs tragiques.

Dosette de lecture n°124 : Barbey d’Aurevilly : « Une Vieille maitresse ». Le chiffon rouge de la passion

Voir les commentaires

Dosette de lecture n°123 : Théophile Gautier : "Avatar". La passion sous la peau

Publié le par Eric Bertrand

Jusqu’où la passion amoureuse peut-elle entrainer un personnage prêt à tout pour obtenir satisfaction auprès de son Idole ? Dans son recueil de nouvelles fantastiques, Gautier affectionne ce genre de réflexion à travers des récits où les époques et les figures de la Beauté inspirent à celui que Baudelaire appelait « le poète impeccable » des histoires incroyables. Et ces histoires permettent au lecteur de voyager dans le temps et dans l’espace, avec comme seul véhicule, le désir ardent et la passion.

Dans le récit « Avatar », le jeune Octave est tombé fou amoureux d’une femme mariée profondément attachée et fidèle à son mari. Pour parvenir à ses fins, il ne lui reste d’autres solutions que la magie. Il a recours à un vieux sage qui a vécu en Inde et qui pratique l’art de la réincarnation. Entre les mains de ce Méphistophélès, Octave choisit d’abandonner son enveloppe charnelle et de se transporter dans celle du mari afin d’abuser la douce épouse.

Mais le changement de peau suffira-t-il pour leurrer la belle ? Ce genre de prestidigitation a déjà causé la perte d’autres personnages illustres : on se souvient par exemple d’Uther Pendragon suppliant l’enchanteur Merlin de lui donner l’apparence du Duc de Cornouailles, époux de la belle Ygraine pour obtenir avec elle une nuit d’amour. La passion se respire-t-elle toujours à fleur de peau ?

Dosette de lecture n°123 : Théophile Gautier : "Avatar". La passion sous la peau

Voir les commentaires

Abbé Pierre : vices cachés sous la robe de bure

Publié le par Eric Bertrand

Sitôt que les médias sont aux trousses d’une affaire de mœurs, et qui plus est aux trousses d’un prêtre qui se prend les pieds dans sa chasuble, les têtes tombent vite. Flaubert écrivait : « Il ne faut jamais toucher aux idoles, il en reste toujours quelque chose aux doigts ». Dans le cas présent, c’est « l’idole » qui s’est mise à « toucher »… Et bien davantage encore.

Pourtant, quelle icône était cet abbé Pierre, au visage de Christ, aux allures de mendiant éclairé, à la voix de prophète allant obstinément par les chemins pour répandre la bonne parole et défendre la grande idée de l’amour du prochain. Figure absolue du renoncement aux plaisirs terrestres, incarnation de l’abstinence sous la robe de bure et les plis du discours charitable, engagé en faveur des déshérités et de tous ceux que la société capitaliste continue de bouter dans le fossé.

En son temps, Roland Barthes, expert en « mythologies » n’a pas manqué de signaler dans son article « Iconographie de l’abbé Pierre », les qualités du personnage : « L’atout précieux : la tête de l’abbé, le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin » C’était en 1957, après le terrible hiver 54 et l’obstiné combat mené par le valeureux abbé. Dans cet article, Roland Barthes pointe particulièrement deux de ces « coquetteries » qu’il juge suspectes : la coupe de cheveux, « archétype capillaire de la sainteté », et « la barbe ecclésiastique qui veut signifier apostolat et pauvreté ». Le sémiologue émet en effet un léger soupçon quant à la correspondance profonde entre l’apparence affichée et la vérité profonde.

Et, après plus de soixante-dix ans, les faits sont accablants : le masque de l’héroïque pèlerin vient de tomber, comme était tombé celui de l’un des personnages principaux du roman de Hugo, l’archidiacre Claude Frollo qui, du haut des tours de Notre Dame, lorsqu’il s’approche de la troublante Esméralda, perd soudain toute son austérité, s’enflamme et accuse le démon.

Abbé Pierre : vices cachés sous la robe de bure

Voir les commentaires

Dosette de lecture n°122 : Marc Dugain : Tsunami. L’assiette instable

Publié le par Eric Bertrand

A quelles difficultés un homme d’État est-il confronté dans un pays qui ne cesse d’évoluer et d’essayer de soigner ses plaies ? C’est le sujet de ce roman de légère anticipation qui choisit de prendre le point de vue du Président français pour évaluer les choix qu’il fait pour « régner » et naviguer entre les différents récifs qui se présentent à lui : développement de l’intelligence artificielle, environnement, sécurité, violence des manifestants et violence policière, surveillance de l’individu, contre-pouvoir des réseaux, influence des puissances étrangères…

Comment un homme seul, confronté également à ses problèmes personnels, parvient-il à endosser un tel fardeau ? Peut-il se doper ou trouver des appuis dans son entourage ou dans le parti-pris du cynisme ? À moins que l’exercice du pouvoir ne le grise et ne l’amène à trouver la solution davantage dans « la multiplication des problèmes que dans leur résolution ».

Dosette de lecture n°122 : Marc Dugain : Tsunami. L’assiette instable

Voir les commentaires

Fête des Arts à Nieul

Publié le par Eric Bertrand

Ce week-end (7 et 8 septembre) à Nieul sur mer... L'occasion de rencontres avec diverses formes de création, peinture, sculpture, photographie, littérature. J'aurai pour ma part le plaisir d'ouvrir les portes de mon "atelier de travail" et de présenter l'ensemble de mes livres.

Fête des Arts à Nieul
Fête des Arts à Nieul

Voir les commentaires