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Badbea

Publié le par Eric Bertrand

Comme promis, retour à l’Ecosse pour les dernières étapes du voyage en Caithness au printemps dernier. J’en étais arrivé à l’évocation de deux lieux essentiels pour comprendre l’esprit du lieu : Whaligoe steps et Badbea. Quand on quitte la route qui longe la mer et les plages de sable entre Golspie et Helmsdale, on aborde les premières rampes de ce que les gens appellent ici « the Ord of Caithness ». Secteur souvent infranchissable en hiver. Le Caithness devient une île. La route devient l’otage des hautes falaises.
              La falaise est un des motifs essentiels dans le Ceilidh : c’est un signe, elle s’impose à cet endroit et se prolonge, de façon quasi ininterrompue, jusqu’à John o’Groats, « the last house in Scotland » comme disent les guides touristiques.
              C’est le long de cette falaise que s’est jouée par exemple la tragédie de Badbea. Elle est liée au chapitre dramatique des « Highland clearances ». Pour des raisons d’ordre économique, les propriétaires terriens, et en particulier le fameux duke of Sutherland, ont pensé au détour du XX°siècle qu’il était plus rentable de mettre des moutons là où il y avait des hommes. Les familles d’exploitants agricoles ont dû quitter leurs fermes, les terrains qu’ils cultivaient pour s’en aller vivre ailleurs, en Nouvelle-Zélande, en Amérique ou en des endroits inhumains comme celui-là, Badbea, où le terrain est en pente et tombe à pic dans la mer.
              À tel point que les enfants étaient attachés à une corde les jours de grand vent. C’est là qu’ont survécu quelques malheureuses familles, dans cet endroit sauvage et inhumain entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Quand on s’arrête à Badbea, sur la A9, on marche un peu en direction de la falaise et on trouve un mémorial et quelques clichés en noir et blanc.

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Going down to Badbea...

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Nouvelles perspectives

Publié le par Eric Bertrand

               Avant de reprendre le journal écossais auquel est consacré ce blog, je peux à ce jour annoncer au lecteur que je vais changer de pôle… Et nous transporter dans l’atmosphère méridionale de la Sicile.
              C’est en effet dans cet autre pays que je connais bien que j’ai décidé de camper le cadre de ma future pièce. Je me suis donc lancé dans l’écriture depuis début juin et j’alimente un journal de la création que je mettrai en ligne quand le temps sera venu. Dans l’intervalle, je préfère avancer dans un relatif  incognito le plus longtemps possible…
              Avant de me lancer dans cette aventure (compulsive ?) de l’écriture, j’ai pourtant ressenti de petites réticences au moment du spectacle : lourdeur administrative, remarques désobligeantes, souvenir cuisant des difficultés pour mener de front les cours, l’écriture et la mise en scène, absence de reconnaissance par le lycée… Par exemple, toujours pas de lieu pour répéter et une salle de claquettes qui va être démolie l’an prochain du fait du programme de restructuration de l’établissement (restructuration qui annonce un hypothétique « pôle culturel » pour 2009 mais rien dans l’immédiat !)
              Mais je dois dire que l’implication de mes acteurs, de nos partenaires, notamment de l’Ecole de musique, m’ont redonné la foi. Philippe et Arlette ont d’ores et déjà retenu la date du 1er juin 2007. En échange de quoi ils nous laissent l’utilisation de la scène du Moulin à Sons.
              C’est donc parti pour un voyage dans la Sicile profonde… je tourne délibérément le dos à la littérature anglo-américaine que j’ai honorée six années d’affilée. Je tourne le dos à toute référence littéraire aussi. (Les spectateurs pourront bien lire Pirandello ou Sciascia ou Vittorini, s’ils veulent se mettre dans l’ambiance), je n’exploiterai cette fois aucune oeuvre ! Plus de clin d’œil ou d’intertextualité… Que ceux qui ont jugé mes pièces « trop intello » ou « trop compliquées » se rassurent, je saurai ménager leur petite intelligence.
              J’ai donc choisi de faire cavalier seul. Mon objectif pédagogique est toujours d’ouvrir les élèves à d’autres cultures et de poser, à travers la scène et le texte des questions qui les touchent de près…
              A suivre dans quelque temps… Il faudra que je commence par changer le nom de ce blog !
 
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Cambiare...
 

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Le masque du théâtre dans le théâtre

Publié le par Eric Bertrand

J’ai reçu dernièrement ce point de vue de lecteur qui m’amène à revenir sur la difficulté essentielle de la pièce : le jeu entre le réel et la fiction sur lequel réside le principe de la mise en abyme.
              « J'ai relu et je peux dire que j’avais chinté pas mal de choses. Ce qui m'a interrogé un moment dans une page (que j'ai été contraint de lire plusieurs fois) c'est l'indifférenciation entre le jeu et la personne elle-même ; par la suite j'ai retrouvé cela en clair, le personnage et la personne jouant en discontinu leur rôle et leur soi ; à la fin est-ce cet amalgame que tu veux montrer ou bien le ceilidh est-il, plus que la rencontre avec l'autre, la rencontre avec ses personnages ? »
              Comme quoi, ce principe de construction amène le lecteur perspicace à se poser de bonnes questions… Je suis tombé sur un article qui évoque l’une des pièces baroques de Corneille : l’Illusion comique : il y est question d’un jeune homme en opposition avec son père parce que ce dernier l’empêche de s’adonner à sa passion du théâtre. Le jeune homme est d’abord banni par son père. Ce dernier parvient ensuite à le retrouver grâce à l’intervention d’un magicien qui fait apparaître son fils : celui-ci est en train de jouer une pièce… Et nous y voilà, la pièce dans la pièce donc
              L’auteur de l’article écrit à ce propos : « Qu’on ne s’imagine pas que Corneille innove ici dans la forme, annonce Claudel ou Pirandello ; Shakespeare bien avant lui avait déjà usé du procédé… Plein de préjugés quand le spectacle commence, le père du jeune Clindor s’en débarrassera au fil de la représentation que met en scène pour lui le magicien Alcandre. Initiation à la contemplation, école de l’œil, l’IIlusion Comique devient une curieuse fable sur la véracité de ce qu’on observe, le prétendu réalisme, la supposée vraisemblance… On ne sait jamais vraiment ce qu’est le réel. »
              Analyse qui pourrait tout à fait convenir à la lecture du Ceilidh
 
Jack on the route again : "le vrai problème de l'auto-stoppeur, ce sont les chaussettes !"

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Le film

Publié le par Eric Bertrand

              Comme prévu, nous sommes allés mercredi rencontrer Florian qui a pratiquement achevé le montage du film de la pièce et qui souhaitait notre présence pour finaliser l’ensemble.
              Je redoutais ce moment de « retrouvailles avec l’instant théâtral ». C’est finalement une bonne surprise. Pour la première fois depuis que nous visionnons des vidéos après les spectacles, nous sommes pleinement satisfaits.
              Pertinence du cadrage, rythme du film, qualité du son… Le secret insiste Florian, c’est de trouver suffisamment de ressources pour ne pas lasser le spectateur et lui offrir de la variété tant au niveau des plans que des montages. Par exemple, alternance des plans rapprochés et des plans serrés, montrant tour à tour le visage d’un comédien, d’un musicien, ou la dynamique d’une scène.
              Quelques plans sur le public également et surtout, la restitution de l’atmosphère de l’Ecosse telle qu’elle était traduite par la musique et la succession des diapos. Très adroitement, Florian a aussi intégré, en pleine image parfois, certaines des meilleures diapos. Par ailleurs, les génériques de début et de fin sont particulièrement soignés et s’attachent notamment à rendre hommage aux différents intervenants.
              Nous disposerons à la fois d’un support VHS et d’un support CD, de même quelques séquences seront prochainement disponibles sur le site. Il reste donc quelques fignolages à terminer, mais je devrais récupérer l’ensemble avant la fin juin. Si l’un(e) d’entre vous souhaite acquérir ce support par la suite, je crois qu’on peut s’arranger… N’hésitez pas à me le faire savoir. Nous verrons comment cela peut se négocier !

Extrait de "Jack on the route again !"

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Café littéraire

Publié le par Eric Bertrand

L’interview est donc terminée et je reviens au journal de l’événementiel avant de retrouver l’Ecosse. J’ai donc été invité samedi dernier au café littéraire de Dinan. Le charme de ce type d’animation, si on la compare aux traditionnelles signatures, c’est de pouvoir aborder en profondeur le contenu d’un livre, d’abord parce qu’il y a, de la part du public, l’attente d’un exposé de présentation, ensuite, parce que ceux qui sont venus ont des questions précises à poser. Ils ont lu le livre ou ont l’intention de l’acheter. Ils réagissent à des éléments de l’exposé.
              Edouard, le libraire, a créé une ambiance conviviale. Les tables sont arrangées de façon à favoriser l’écoute de l’intervenant. Il propose des boissons à chacun, fait circuler le livre… La conversation roule sur l’implication des comédiens dans leur rôle, sur l’intérêt du tragique et bien évidemment, sur Macbeth. Il y a là des Britanniques : Dinan est une ville qui les attire ! Et ils connaissent leur Shakespeare sur le bout des doigts !
              Ils sont surpris par le dénouement de l’œuvre. J’aime bien l’analyse qu’ils proposent : dans Macbeth, le mal vient essentiellement de la femme, de « lady Macbeth » et, dans le fond, Macbeth est un pauvre homme qui aime son roi et qui se laisse manipuler par une épouse frustrée. Au début, Lady Macbeth n’a rien, aucun pouvoir, et elle saisit l’occasion de s’affirmer à travers son mari. Dans le Ceilidh, les choses sont radicalement différentes : tout le mal vient de l’homme qui imagine les crimes, délègue la mission, envenime le discours de Rebecca, tire les marrons du feu...

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Whom is the worst ? Male or female ?

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