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Homme qui rit et travailleurs de la mer : Les deux travaux sur Hugo

Publié le par Eric Bertrand

             Au détour de la maîtrise de lettres, maîtrise sur Hugo, ça sentait le concours et la salle de classe confinée ! Mais dans Hugo, j’avais aimé le romantisme échevelé, les Iles anglo-normandes et l’exil farouche en terre sauvage… Alors j’ai proposé un sujet de thèse, « le celtisme dans les romans d’exil de V. Hugo » et, pour prendre le temps de le rédiger, j’ai obtenu deux années de suite un poste d’assistant puis de lecteur à la fac dans les terres de la haute Ecosse. Certains sont allés jusqu’à me soupçonner de trouver en Hugo un alibi !
              De cette expérience d’exil et de terre sauvage, le Caithness (si présent l’an dernier) et Aberdeen dans les Grampian, j’ai notamment ramené la matière de deux ouvrages qui sont parus chez Ellipses, l’un à propos des Travailleurs de la mer et l’autre à propos de l’Homme qui rit.
              D’un bord à l’autre, entre la falaise de Gwynplaine et le rocher de Gilliatt, c’est un Hugo voyageur que j’analyse. Un Hugo penché sur le gouffre et traversé par les souffles de ces terres primitves qui m’ont aussi inspiré le Ceilidh.
 
« Rebecca : (Dans un élan désespéré) Mais ouvre les yeux, Ronald, ouvre les yeux ! Cet endroit saigne la vérité brute ! La lande est mauve, le vent souffle dans les bruyères, la falaise est abrupte, l’océan gronde et le désespoir est partout autour de nous !... »
Le Ceilidh (acte 1, scène 4)
 
Ricordo di Scozia
 
 
 

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Nantes et grenier du siècle : Chaussée de la Madeleine de Proust

Publié le par Eric Bertrand

              Second volet de l’aventure de « Colette if du Loup des Acqs »… Au tournant du siècle, c’est du côté de Nantes que nous nous tournons. Une opération de mémoire est proposée aux Nantais dans le cadre du « Grenier du siècle », sur le site de l’ancienne usine LU. L’objectif consiste à léguer un objet à un descendant, juste avant la fermeture des portes, le 1er janvier 2000… et le 1er janvier 2100, elles s’ouvriront à nouveau.
              Sur cette base réelle, j’ai proposé à chacun de mes nouveaux élèves de première L l’écriture de nouvelles qui les mettraient en scène à travers une lettre et un objet destinés à leur descendant. Passionnant dialogue et fascinant tête à tête, en dépit des règles du temps et de l’espace… Quel objet choisissent-ils ? Quelles valeurs cherchent-ils à transmettre ? Quelle représentation ont-ils de leur descendant ? Leur ressemble-t-il ? Comment la ville de Nantes va-t-elle évoluer en un siècle ?... Telles sont quelques unes des questions qu’ils se sont posées, avant de rejoindre la cité des Ducs de Bretagne un jour de juin à l’occasion d’une émission sur Radio Nantes et d’une signature au Lieu Unique, librairie située à deux pas du fameux grenier !
 
 
Passeggiata nel tempo...

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Polar collectif : Black Polaroïd

Publié le par Eric Bertrand

Après le bilan de cette ultime répétition d’avant les vacances, je reviens comme annoncé sur le thème du voyage dans mes écrits, de « la Route » au « Ponton »…
              Le point de départ de ce recueil collectif, c’est, comme son nom l’indique, le polar. Le nom de l’auteur est bien entendu un pseudonyme pour désigner les élèves et le professeur de la classe de premières L du lycée de Loudéac : Colette If du Loup des Acqs.
              J’ai proposé à tous mes élèves de s’inventer un personnage de roman noir, de lui donner un nom et de le mettre en situation dans un endroit de Méditerrannée. Ils disposaient alors d’un schéma narratif similaire et d’un « jeu » de personnages à condition de les choisir parmi les 17 « truands » de la classe.
              Pour corser l’exercice, il s’agissait aussi pour chacun des élèves d’aller se faire tirer le portrait sous les traits de son personnage… Pour l’anecdote, quand nous sommes allés présenter l’ouvrage au Festival Etonnants Voyageurs de Saint Malo, les auteurs avaient revêtu leur attirail de héros. Habillé en inspecteur de police, chapeau à la Humphrey Bogart, je menais une escouade de femmes fatales, entraîneuses, prostituées, truands et flics ripoux. Grosse impression sur la cité corsaire…
              Le lecteur dispose en tout cas de ces portraits (que l’éditeur a immortalisés en couverture et dans les premières pages du livre) ce qui constitue un effet de réel assez plaisant. Et il peut suivre leurs aventures en Corse, Sardaigne, Côte d’Azur, Sicile… Déjà, elle pointe la botte !
 
blackpo1.jpg
 
Alix Birtram, Dottore Hache, Lolita, Irma, Callaci, Effi Kass, Ginger, Thelma, Angelica...

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Trouble amoureux : Répétition du 28.11 (4/4)

Publié le par Eric Bertrand

             La scène 2 de l’acte 2, celle de la confrontation entre Tiziana et Salvatore… Ou plus exactement, celle au cours de laquelle Tiziana, piquée par un vent de folie, se dévoile sur le ponton. Comme elle le confie à mots couverts, « au moins, ces planches ont le mérite de jeter le grand jour sur la vérité de chacun d’entre nous…” Gigi avait vu juste, les filles ne jouent plus sur le ponton et, seul avec la froide Tiziana, Salvatore parvient à la troubler profondément !
              Diane réussit à mettre dans sa tirade une précipitation et une nervosité qui soulignent bien le chamboulement de son personnage. A la fin de la scène, fouettée par la jalousie, elle est prête à se donner. Avant l’apparition des trouble-fête, elle se livre à un jeu de la séduction car, pour la première fois, elle se sent belle physiquement.
              Je demande à Diane d’adopter une pause de séductrice. Au début, elle bute sur la phrase : Le soleil caresse ma peau salée. Il y a un petit vent léger sur la mer. Ça me donne de petits frissons sur tout le corps. Je n’ai jamais vu ma peau comme ça ! Il y a de la chair de poule sous les petits poils dressés et du sang qui tape sous la peau… Salvatore, est-ce que tu m’as déjà bien regardée ?... »  Elle avoue ne pas comprendre comment on peut séduire avec une phrase comme celle-là ! Je lui explique qu’au théâtre, on ne parle pas forcément la même langue que dans la vie et que cette phrase, par sa tournure étrange vise à  est une façon de partager à partenaire (et au spectateur) le secret d’un trouble qu’elle ne connaissait pas et qu’elle découvre !
 
« … (Il prend un air inspiré et s’approche un peu plus de Tiziana) N’importe ! Toi, tu es venue jusque là… Alors, regarde vers le large, Tiziana ! Respire enfin ! Est-ce que tu sens, comme moi, ta poitrine qui se gonfle et tes yeux qui se dilatent… (Il lui ébouriffe les cheveux) Comme ça, ça te va mieux ! Ça te donne un air sauvage à tout faire craquer ! Embarquons-nous, Tiziana ! Tes cheveux se soulèvent, ta bouche est humide…
Tiziana : (manifestement gênée par la tournure que prennent les événements !) : puisque tu affirmes que tu as aussi invité Ornella et Lauredana, je vais tout de même leur envoyer un SMS. C’est bête qu’elles ratent l’occasion de s’amuser avec nous.
Salvatore : Tiziana, réfléchis !… Tu es au milieu de l’eau avec moi !... Nous sommes tout seuls et il n’y a pas de portable sur un ponton!
Tiziana : oui, c’est vrai, c’est vrai ! Excuse-moi !... De quoi ai-je l’air maintenant ? Tu dois me trouver bête et hideuse ! Quelle sotte ! Mon rouge à lèvres a coulé, sans doute. Je me suis maquillée sans penser que j’allais nager… Quelle heure est-il ?
Salvatore : sept heures trente... Pourquoi ?
Tiziana : je t’ai demandé l’heure ! C’était juste pour savoir... Tu comprends, ça fait drôle d’être comme ça avec toi, au milieu de l’eau, sans horloge, sans portable, sans maquillage… Ca donne l’impression de dériver… (Toujours un peu gênée) Et Gigi… Tu dis qu’il devait venir ?
Salvatore : oui, il devait venir... Mais il a dû renoncer au dernier moment… Certainement qu’il a eu peur de sauter à l’eau dirons nous… A moins qu’il n’ait déjà plongé, lui aussi …  Pourquoi est-ce que tu t’accroches comme ça au bord du ponton ? Il n’y a pas de tempête et tu ne risques pas de tomber dans l’eau ! (Il fait semblant de la bousculer) Sauf si je te pousse !
Tiziana : (elle regarde ses mains. Sourire gêné) C’est pourtant vrai !... Je ne m’en rendais pas compte !... Tu vois tout toi ! »
 
 
HPIM1019.JPGSei veramente bella, lo sai Tiziana !
 

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Sur le ring : Répétition du 28.11 (3/4)

Publié le par Eric Bertrand

HPIM0957.JPG
La tavola diventa il mare.

La scène 5 de l’acte 1,
celle des deux garçons. Elle est composée de quatre moments, la chaleur écrasante (somnolence de Gigi), la proposition de Salvatore d’aller au ponton (vaine agitation pour persuader Gigi), l’apparition coup de fouet de Gilda et l’excitation de Gigi.
              Autour de cette excitation, je propose à Gigi de matérialiser davantage son énergie. Au lieu de rester assis, il empoigne la table et la secoue quand il parle de « ring ». La table devient le ponton (elle l’était déjà devenue lorsque Salvatore faisait son cinéma dessus !) : il s’accroupit, agite le gant que Gilda lui a envoyé, hallucine, les yeux fixés à l’horizon comme face à la surface de la mer.
 
« … Gigi : si ça pouvait les décoincer ces trois là, je te jure !... Ca pourrait être amusant de les mettre à l’épreuve dans un espace clos ! Trois tigresses en haut d’un ring !
Salvatore : drôles de tigresses ! C’est à croire qu’on leur a coupé les griffes et mis la muselière, tant elles sont sages !... D’autres spécimens sont arrivés !... Des panthères suédoises, anglaises, allemandes… Le camping, c’est la jungle… »
 
 
 
 

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