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Befana : Répétition du 24.10 (2)

Publié le par Eric Bertrand

Françoise est de retour parmi nous, le travail de mardi peut donc porter sur la première scène, celle du prologue où les deux conteuses interviennent. C’est une longue scène, qui sollicite beaucoup le talent des deux comédiennes. On ne peut pas en couper de passages. Elles racontent l’origine du village de Santo Stefano.
              C’est aussi une longue fable qui met en scène la figure de la jeune fille, laquelle est mise en abyme dans la suite de la pièce. Il n’empêche que la conteuse doit trouver des ressources pour animer son discours.
              Je suggère l’idée d’un « show à l’italienne ». Accessoires, beaucoup de mouvements, de couleurs et de variétés : les deux conteuses font un numéro de claquettes, montrent des objets, le grand manuscrit, la marionnette, elle prennent le café, elles mangent des fruits, elles jouent avec des balles multicolores, elles sont un peu jongleuses et rejoignent le public…
              Élément comique sur lequel on peut jouer aussi, c’est la fébrilité de Francesca qui se démène et qui n’en a plus l’âge : essoufflement, tremblement, excès, les didascalies signalent qu’elle tombe la robe de chambre au début de la scène et qu’elle la remet à la fin, ce qui autorise une sorte de momification de dernière minute, créant un effet risible.
              Nous avons aussi travaillé sur la scène du bar et celle du bosquet, j’y reviens demain et après-demain.

HPIM1948.JPG

La Befana sotto le stelle e sotto il portile !

 

Rubrique Goncourt :
             
Précieuse période de repli pendant laquelle les élèves font devoir fourbir leurs armes ! Différentes batailles sont prévues pour la rentrée : d’abord et surtout, celle des romans de la sélection qu’il faut départager afin d’élaborer le tiercé gagnant de la classe et de le défendre devant les autres lycées. Les rencontres régionales ont lieu le 10 novembre et les rencontres nationales le 13 novembre…
              Pour cela, ils ont à préparer l’argumentation qui accompagnera la présentation de leur choix personnel. Cela donnera lieu à un exercice oral devant les autres. En effet, il faut non seulement que l’on s’entende en classe sur le tiercé mais aussi que l’élève délégué écoute et reçoive les arguments à agiter aux moments des délibérations.
              L’autre mission qu’ils ont à accomplir, c’est, du moins pour ceux qui le souhaitent, de préparer un discours d’investiture au cas où ils désirent être le délégué représentatif de la classe. Cela sera déterminé le mardi de la rentrée, pour une « entrée en fonction » dès le vendredi matin.
              Enfin, toujours à propos de Goncourt, les Académiciens viennent de publier leur sélection des quatre meilleurs à départager et, pour une fois, je les approuve assez ! Littel, Schneider, Vallejo et Fleisher.
              Quant à moi, je me suis assigné d’autres tâches sur lesquelles je reviens demain…
 
Réaction de collègue :
Avant tout, merci à tous ceux qui nous font profiter des rencontres locales, de leurs idées inventives pour faire lire et écrire leurs élèves, de leurs coups de coeur et de pied au c...
La 2° 9 du lycée Jules Ferry à Cannes chemine doucettement dans ses lectures. Je doute que l'un d'entre eux, malgré la bonne volonté d'un petit groupe essentiellement féminin, parvienne à bout de l'ensemble avant la date fatidique. Certes, les vacances sont proches, certains ont lu davantage en 1 mois et demi qu'en toute leur vie passée, mais les quelques grands lecteurs avouent leurs difficultés à avancer plus vite. Personnellement, j'entame mon 12°,  j'ai évidemment gardé pour la fin le pavé des Bienveillantes et j'avoue une prédilection pour Audouard, Audeguy, Miano, Laurens, Schneider. Le tiercé gagnant des élèves à ce stade serait Miano, Schneider, Nothomb.
Quoi qu'il en soit, mes  élèves ont pris l'initiative d'un blog qui a tous les défauts mais aussi la bonne volonté de la jeunesse. Je n'y fourre mon nez que pour le lire jamais pour le corriger, même si le langage texto et les fôtes dans les pages plus persos me déconcertent,  me blessent la rétine ou me font frémir. Vous le trouverez là :
Les élèves ont été étonnés - et contents - de découvrir déjà des commentaires alors que l'adresse n'avait jamais été publiée.
Sinon, le prof d'histoire-géo a mis en ligne aussi un peu de nos aventures. Il faudra mettre à jour son site. En revanche, ce que je tiens régulièrement en doc word, c'est un Journal constitué de bribes de leurs journaux personnels, critiques, coups de coeur, photos, beaucoup de photos. C'est ce que j'imprimerai pour l'association "Bruits de Lire" une fois l'aventure terminée.
Voilà pour un bilan au 2/3 du parcours.
 

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Répétition du 24.10

Publié le par Eric Bertrand

Le petit dernier est arrivé ! Sous pli postal Aléas vient de me l’adresser… « Le Ponton » ! Un seul exemplaire pour l’instant, les autres vont suivre, mais en attendant, je trouve le produit plutôt réussi avec ses deux photos couleur en couverture et en bandeau…
                  
              Comme tous les mardis, la seconde répétition a donc eu lieu et j’y reviens demain, car nous avons déjà abordé quelques jeux de scène. Je propose ce matin quelques idées d’activités que j’avais préparées mais qui n’ont pas pu avoir lieu… Ce sera pour une prochaine fois (très utile quand les comédiens sont un peu « froids » ou « fatigués », ce qui n’était vraiment pas le cas !) Dans ces premières répétitions, les comédiens ne se connaissent pas bien (du moins dans le domaine de la scène)… Il est donc important de reprendre des exercices traditionnels d’échauffement et de les adapter aux conditions de la pièce…
 
-          Le jeu du miroir : certains des personnages de la pièce fonctionnent un peu en miroir les uns par rapport aux autres. C’est le cas notamment de Salvatore par rapport à Gigi et d’Ornella par rapport à Gilda… Par ailleurs l’exercice est intéressant car il permet aux comédiens d’exercer à la fois leurs facultés d’observation et de concentration dans le but de reproduire les propositions gestuelles de leurs partenaires.
-          Rivalité : la rivalité est une des énergies de la pièce. « L’Americana » est la grande rivale, celle qui défie les autres. Cela implique un effort particulier pour s’imposer sur scène… Je demande à chaque comédien de choisir un partenaire et de lui faire front avant de s’avancer vers lui afin de lui « envoyer un message ». La « mission » pour le comédien est donc d’affirmer non seulement un texte mais aussi et surtout, un regard, une démarche, un silence, un affront / « tu es ridicule » / Je suis la plus belle / Le plus beau… Sono la piu bella !
-          La machine : Il y a dans la pièce un système de clan, disons pour faire vite, ceux qui défendent la modernité et ceux qui sont du côté de tradition. L’exercice connu sous l’étiquette « la machine » a le mérite de permettre aux comédiens de fonctionner non pas comme des corps isolés mais comme des éléments d’une machinerie infernale capable de produire de l’énergie. Je leur propose donc de constituer deux machines : la machine euphorique. La machine nuisible.
 
 
 
HPIM1156.JPGTempo per le vacanze...

 
Rubrique Goncourt : « les Désaxés ».
 
              Dernier jour de cours avec les 1ère L : l’occasion de revenir sur le cas de Marilyn à travers la projection d’un film de John Huston : « les Désaxés ». Une réflexion sur le personnage que joue Marilyn et sur sa fêlure telle qu’elle s’exprime dans cet environnement d’hommes. Suite à quoi les élèves partent en vacances avec des objectifs assez variés sur lesquels je reviendrai demain.
 
Réaction de collègue :
Nous étions à Perpignan, lycée Zola Aix en Provence, même constat pour Boulin...Je dois dire que j'avais détesté son livre...j'ai voulu tout de même m'y remettre....Impossible....Je confirme je n'aime pas...Ce jeune homme est un peu démago sur les bords...Débat de deux heures ensuite chez nous avec les élèves....Il ne construit rien, ne propose rien et n'avance aucune réponse...
A Perpignan j'ai été tout de même étonnée de voir toute cette cour autour de lui...Je pense qu'il plaît...Mais que les jeunes ne sont pas dupes....
 
Le 16 octobre a eu lieu la rencontre de Perpignan. Sur le plateau Boulin,
Audouard, Olivier Poivre d'Arvor. Les deux premiers se sont révélés tels que
dans les rencontres précédentes : Boulin, après une entrée presque
fracassante, près à "rapper" sur le plateau fut incapable de répondre aux
questions, finissant presque par disparaître derrière le décor.....Les
élèves ne s'y sont pas trompés. Audouard, profondément à l'écoute et
fournissant des réponses intéressantes, s'avérant captivant dans sa façon de
parler, a touché les élèves (et les grands...). Olivier Poivre d'Arvor était
très tendu au début. Il faut dire que la journaliste conduisant le débat a
parlé avant toute chose de son frère. Il s'est senti agressé et a commencé
en disant qu'il était lui, et que lui était là pour présenter son livre,
contrairement à son frère. Très rapidement, il est entré dans le débat,
répondant aux questions des élèves de façon pertinente et montrant une
qualité d'écoute. Les élèves l'ont aussi apprécié.
Bilan de cette journée : les élèves sont redynamisés. Tant mieux. Ils ont
trouvé cette journée très intéressante et ont hâte de participer aux
rencontres de décembre à Montpellier.

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Affinage

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 11.08 : le travail est plus long que prévu. Les corrections sont négligeables, et pourtant essentielles. Négligeables dans le sens où elles n’amènent pas à de profondes remises en cause (Pour l’heure, j’en suis arrivé au chapitre 8), mais essentielles parce qu’elles concernent le fameux « affinage ».
              L’ordinateur indique à chaque fois que j’ouvre le document « ponton » un nombre défini de signes utilisés. Et bien, je constate que depuis que j’ai commencé cette correction, le nombre de signes diminue. Cela correspond bien à la volonté de simplifier et de purifier l’idée.

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La spiaggia senza il pontile !

 

Rubrique Goncourt : proposition de collègue
 
18-10-06 : Projet : Qu’est-ce qu’un bon roman ?
 
* Intérêt du Goncourt des lycéens :
 
            Mettre en relation des romans de la rentrée littéraire et des élèves
            Observer la réception de ces œuvres par des lycéens mis en situation:
                                  
* D’exprimer des préférences, de formuler un jugement de goût,
de justifier celui-ci.
* D’élaborer des critères discriminants, de débattre de leur pertinence.
* De confronter, lors des délibérations, ces critères avec ceux des autres ; de confronter les jugements de goût.
 
·        Nous souhaiterions que cette réflexion puisse être approfondie dans un projet qui concernerait potentiellement tous les élèves du Lycée.
 
Présentation :
            Développer une réflexion autour de cette question : Qu’est-ce qu’un bon roman ?
           
            Pistes :
 
1) Lancer une Enquête sur le thème ; vérifier la pertinence de la question ainsi formulée; élaborer des questions, proposer des critères, demander de les hiérarchiser etc. Ce travail de formulation des questions serait proposé aux élèves en cours de français par des professeurs.
( Quels profs ? Quelles classes ?) Une classe serait chargée de synthétiser et de retenir un certain nombre de questions.
L’aspect « enquête d’opinion » serait lui confié à d’autres élèves : les programmes permettraient-ils d’intégrer ce travail ? ( Ses ?)
 Nous possédons au lycée Sphinx, un logiciel d’aide à l’exploitation des résultats.
Cette enquête serait réalisée auprès de l’ensemble de la communauté éducative ( Agents, Administration, Elèves, Parents, Professeurs…)
Les résultats seraient analysés pour mettre en évidence les critères qui font varier les réponses.
Il y a un aspect statistique, mathématique, qui pourrait peut-être être exploité.
 
2) Les 1ère L prérareraient une synthèse sur : les critères et la manière dont s’est formé leur jugement de goût ; ce qui est ressorti de la confrontation lors des délibérations.
De même sur les représentations des écrivains de la sélection  : les élèves rencontrent vallejo le 25-10-06 et le questionneront notamment sur ce point ; nous disposons de documents à exploiter (articles…) pour les autres.
 
3) Les élèves volontaires et les membres du personnels qui lisent les œuvres de la sélection Goncourt seraient conviés à des tables rondes sur ce thème : quels romans avez-vous aimé ? détesté ?etc dans le but de faire remonter les critères intervenus dans le jugement de goût. Les élèves de L participeraient aux débats pour apprécier les différences/ les ressemblances avec leur propre jugement.
 
4) Pour lier ces réflexions à l’histoire littéraire- nous n’avons pas encore de prof de philo mais c’est bien- entendu avec lui notamment qu’une synthèse serait intéressante- :
Pistes : faire travailler les élèves sur les enquêtes littéraires ( Enquête de Jules Huret fin 19ème / Enquêtes surréalistes …)
 
5) Au final : présenter une exposition vivante conçue comme un parcours pour approcher nos représentations sur cette question.
 
 
Réaction de collègue
A Amiens, la Fnac s'est trompée, et ignorant que Nancy Huston était 
exclue de la sélection Goncourt des lycéens, nous a livré AUSSI 
"Lignes de faille", son dernier opus, que je viens de lire.  C'est le 
roman de quatre générations à reculons dans le temps, de 20 ans en 20 
ans, entre 2004 et 1944, depuis Sol(omon), puis son père Randall, sa 
grand-mère Sadie jusqu'à l'arrière-grand-mère AGM ou Erra, ou Kristina 
ou Klarysa. Un grain de beauté erratique (devenu à la fin grain de 
"laideur" à extirper) lie entre eux les héritiers d'une douloureuse et 
sombre histoire, celle des enfants "aryens" arrachés à leurs familles 
polonaises ou ukrainiennes pour être élevés, dressés, aryanisés en 
Allemagne. C'est l'histoire des "lebensborn", les "fontaines de vie", 
dont Erra est une victime, et de leurs conséquences sur les 
générations qui les ont suivies. Quatre monologues intérieurs 
d'enfants de six ans : Kristina, enfant passionnée par la vie et 
vibrante de chant devient Erra, fantasque cantatrice sans paroles et 
mère de Sadie, enfant écorchée et maladroite, qui devient à son tour 
une adulte rationnelle et envahissante, acharnée à la poursuite de son 
passé. Convertie au judaïsme le plus orthodoxe et mariée avec un juif, 
Sadie met au monde Randall, déchiré entre les USA et Israël, entre sa 
mère débordante et directive, et son père attentif, ironique, 
silencieux, et dramaturge impuissant à créer. Le roman s'ouvre en 
Californie sur le monologue de Sol, fils de Randall et de Tessa, mère 
enrobante, dévorante et dévorée de bons sentiments, tout entière vouée 
à son fils, et totalement ignorante du voyeurisme cruel dont il est 
habité. De l'un à l'autre, le grain de beauté rond et duveteux erre 
sur les corps, talisman ou objet de répulsion, que Tessa veut faire 
disparaître du visage de Sol.
Encore un roman hanté par l'Histoire, un roman pour panser - ou non ? 
-  les plaies qu'elle a ouvertes. En tout cas, c'est construit, c'est 
écrit, riche, lisible,  et si ma lecture n'a pu se défaire de la 
pensée des élèves, je me dis que ce livre les aurait touchés et 
intéressés, émus, sans doute. Les nôtres pourront le lire. Dommage 
pour les vôtres, mais si vous en avez l'occasion, lisez-le, et 
faites-le lire.
 

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Gueuloir

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 10.08 : j’ai engagé le processus de correction, de filtrage. Le sentiment d’un texte livré à l’état brut et qui doit passer à l’affinage. Je comprends la formule de Flaubert qui parle de « gueuloir » : sans passer forcément par une séance pendant laquelle il faille « gueuler » au sens propre, néanmoins il faut passer les mots, les phrases, la mise en page, les liaisons, à l’oreille et c’est souvent source de stridences… Ce sont ces stridences là qu’il faut modifier…
              Dans le travail de relecture, j’insère également quelques notes afin de renseigner le lecteur sur les quelques mots italiens qui parsèment le texte.

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Bambini della Beffana ! Gli stessi amiratori !

 

Rubrique Goncourt :
Latitudes du lecteur
A partir des propositions des élèves de la Première L
 
              Je me promène dans un Hollywood de la littérature. Le flash des photographes surexpose chaque page. Je glisse sur le tapis rouge du texte, le strass et les paillettes des mots, la limousine de la syntaxe. J’avance sur le Sunset Boulevard d’un roman lumineux au bout duquel je vois briller, comme sur une enseigne, le visage tourmenté de Marilyn. Les sables du désert de Mojave rentrent un peu sous mes paupières, mais le moteur des Pontiac, des Buick se mêle à la rumeur des caméras qui filment, jusque dans mon sommeil et sur mon divan, les stars de Beverly Hills.
              Et maintenant, comme un bolide diaboliquement lancé sur le périf parisien, j’avance à toute vitesse dans le Quartier général du bruit. Les rues peuplées soulèvent des nuées de lettres, toutes emmêlées les unes aux autres. Rêve de tour Eiffel de mots, de quai Branly de métaphores, d’avenue des Champs-Élysées pavée de livres d’or.
              Le lingot s’appelle Alan, et j’effleure de mes doigts un gros livre capitonné comme le siège d’un bus rouge, un bus anglais qui m’amène hors des sentiers battus. Le bus avance vite, aussi vite que ma lecture du roman dont le trajet est secoué par de rares arrêts et de multiples rebondissements. Je longe les quais de la Première Fois, je ne vois plus tourner le Big Ben de mon horloge et me plonge avec délice dans le tumulte d’une Tamise amoureuse.
              Les lettres s’envolent. Je surfe sur la page nette. Les mots d’amour sont des mails qui s’affichent sous mes yeux. En haut de mon écran, et de ma conscience, clignote encore une phrase obsédante « je ne t’aime plus »... Les chapitres sont des claviers dont les touches écrivent le scénario d’un long roman.
              La couverture du livre érige une haute barrière à escalader. Mais je grimpe, je grimpe et je m’accroche et je saute dans le vide. Derrière les fils barbelés des mots, des images, au son d’une syntaxe obsédante, je passe douloureusement dans l’Allemagne de 1939.
              Tout est autour de moi, aride, tourmenté. Une lourde atmosphère... Je m’enfonce dans l’Afrique profonde d’un autre livre. De page en page, le tam-tam de mon cœur accélère la cadence… Je veux savoir, je veux tout savoir, je veux tout savoir... Je marche vite, je suis maintenant dans l’Afrique de ma passion et, frénétique, je me dirige vers le Mboasou. J’aperçois enfin quelques familles, je discute avec une petite fille. Elle a dix ans. Elle est belle et têtue, elle me ressemble… Je ne renoncerai pas ! Moi non plus, je ne renoncerai pas ! La pluie de l’émotion envahit la page… Une pluie diluvienne qui embue les yeux et coule sur les joues. Et au fur et à mesure que je tourne les pages, et que le tam-tam continue de cogner, j’enfonce les doigts dans la boue du vice et du crime.
              Faire ses valises pour partir en voyage, partir loin d’ici, partir et aller vers les mille et unes pages de l’Orient. Glissée entre deux oreillers, chaque page est une minute passée à dos de chameau en quête de vestige passé. Où suis-je ? J’ai beau regarder à l’horizon, fermer et rouvrir les yeux, même les frotter…je n’aperçois que du sable, aucune trace de pas…je me retrouve seule dans ce Sahara de lecture. Mais la lecture est un oasis. Après le désert aride des autres romans, je me désaltère avec délices de ses eaux dorées sous laquelle règne le soleil inversé de Lawrence d’Arabie. Sous le coin de chaque page, une ombre, celle d’un homme… je le devine tout au long de ma lecture, je le vois s’approcher. Il me relève, me donne à boire. Je veux toucher son visage, je m’en approche, j’y suis presque, plus que quelques centimètres…ce que je touche, c’est mon livre.
 
Réaction de collègue : Merci à tous pour vos messages, vos envois, vos expériences. Cela soutient, surtout lorsque les conditions matérielles ne sont pas toujours favorables à une entreprise comme celle du Goncourt des lycéens. Le lycée Jean Lurçat, en réfection, vit un véritable maëlstrom depuis la rentrée: algécos minuscules où s'entassent 35 élèves pour remplacer les salles de cours en reconstruction, boue et eau dans ces mêmes algécos lors des premières intempéries méditerranéennes, absence de sonnerie pour marquer le début et la fin des cours , marteaux piqueurs et scies pour rythmer nos cours et nos lectures, déménagements et emménagements successifs ( car les travaux se font par tranches), bref, certains jours on ne sait plus trop où on en est. Pourtant, le CDI neuf est ouvert aux élèves du Goncourt avec un coin où ils peuvent se réfugier pour lire (ils bénéficient de fauteuils et d'une moquette!) et le proviseur nous est très favorable. Quant aux collègues leur collaboration est plus variable. Il faut dire que la situation est telle que tout le monde est à cran.
Nous avons ouvert un blog car la classe Goncourt, classe de seconde est partagée en deux options, MPI et sciences humaines. J'ai pensé ( mais, ai-je bien pensé?) qu'un blog, au lieu d'un journal de bord de papier, motiverait plus les tièdes et fédérerait une classe un peu hétérogène. Pour l'instant, je rame pas mal, le blog n'enthousiasme pas les foules!
Nous avons fait une table ronde destinée à faire le point sur les premières lectures, puis un débat au sujet de Supplément au roman national  car Jean Eric Boulin
sera l'un des écrivains invités par la FNAC prochainement. Nous prévoyons un café littéraire : trois romans au programme, plusieurs élèves pour les présenter et lire quelques passages, puis débat, le tout accompagné de chocolat chaud et de  quelques nourritures terrestres gracieusement offertes par la FNAC. Le café en question doit débuter à 8 heures du matin.
Les romans les plus lus sont pour l'instant, Disparition, assez unanimement apprécié, Journal d'une hirondelle, très controversé, Quartier général du bruit, choisi pour sa bièveté et aussitôt abandonné par la majorité des élèves qui disent ne rien y comprendre. Les Bienveillantes, choisi courageusement par plusieurs élèves dès le premier jour, est très apprécié.
J'essaie personnellement de tenir la cadence et j'avoue ma très nette préférence pour Fils unique qui m'a séduite pour sa qualité d'écriture .
Voilà pour ce petit tour d'horizon. Nous avons d'autres projets mais, pourrons-nous les mener à bien dans une atmosphère aussi tendue ?
Bonne lecture à tous. Continuez à donner de vos nouvelles, vous lire est toujours encourageant et réconfortant.
 

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Table des matières

Publié le par Eric Bertrand

              Suite du journal du 9.08 : Par souci de clarté et de rigueur dans la narration, j’ai également tenu une sorte de table des matières que j’ai intégrée le 3.08 dernier : en voici la suite : 
 
-         Jour 3 -
-         10 :p46 : Un peu avant sept heures du matin : Salvatore a donné rendez-vous à Tiziana et Ornella. Les autres ne sont pas encore là. Tiziana arrive la première et rencontre Gilda.
-         11 :p48 : entre sept heures et sept heures trente : à l’arrivée de Salvatore, Gilda s’efface et Salvatore commence une scène de séduction.
-         12 :p50 : aux alentours de huit heures : Francesca, Carolina et Lauredana rejoignent le ponton. Salvatore et Tiziana quittent le ponton en leur compagnie.
-         13 :p53 : après neuf heures. Le couple Gilda et Gigi se forme : scène érotique.
-         14 : p55 : La scène a lieu à proximité du bosquet. Le reste du groupe épie le couple. Colère de Gigi. Ornella reste avec Salvatore.
-         15 :p56 : le discours amoureux. Alchimie.
-         16 :p58 : la rencontre de Gilda et de Francesca et Carolina.
-         17 :p60 : conversation chez Gilda et fâcherie.
-         18 :p62 : début octobre. Epilogue.
 
 
HPIM1942.JPG
Bambini per la Beffana sotto le stelle...
 
Rubrique Goncourt : « Le journal d’hirondelle »
 
              Il est difficile de trouver matière dans ce livre qui se lit tout seul et qui enchaîne, un peu trop facilement, les épisodes. J’y ai repéré cependant un passage dans le livre au cours duquel l’auteur se livre à un intéressant exercice de réécriture.
              Son personnage de tueur sombre de la manière la plus inattendue qui soit dans la mélancolie de l’amour. Mélancolie au sens fort puisque, une fois de plus en littérature, Eros rejoint Thanatos ! (Amour et mort indissociablement liés) Et pour cause ! Le malheureux vient d’abattre froidement la jeune fille dont il tombe ensuite amoureux…
              Cela donne lieu à un plaisant vague à l’âme de l’abatteur abattu dans le lieu hautement romantique du Père-Lachaise. C’est l’occasion de rappeler le sens littéraire de « romantisme » et d’évoquer la figure de Nerval qui est implicitement cité dans le passage choisi.
 
Texte pages 96-97
 
Rappel de la situation. Après le crime de la jeune fille et l’épisode de l’hirondelle.
Un jeu sur la figure de l’assassin : des éléments attendus, qui renvoient à la réalité du crime dans lequel il est impliqué : relever ces éléments… et, en même temps, des éléments de surprise qui correspondent à un tournant dans son existence (et c’est tout l’enjeu du roman, montrer comment l’assassin peut être sensible et tomber amoureux) : relever les éléments qui renvoient à la tendresse et à la sentimentalité. Commenter la formule « révolver constellé ».
Un univers romantique : le romantisme du XIX°, celui qui est associé au sentiment des ruines et à cette attirance particulière pour les cimetières et la mort. Des noms et des références à fixer… Ce cadre et le sentiment que le héros ressent sont à l’origine d’une transformation : un autre rapport au monde (dans la façon de le ressentir mais aussi de le comprendre) : sensibilité à fleur de peau, lyrisme, idéalisme.
Remarque : comment le narrateur a-t-il acquis cette culture littéraire au point de tutoyer les poètes et d’intégrer les citations de vers à ces rêveries ? Cela aurait supposé un travail supplémentaire sur la personnalité du narrateur à moins que le narrateur ne soit simplement que le masque fantasmé d’un auteur cultivé, amateur de poésie romantique.
 
Réaction de collègue :
Un petit mot à propos des rencontres de Nantes. C.laurens, S.Audéguy et A.audouard ont été parfaits, passionants. Mes élèves ont particulièrement apprécié la gentillesse d'Audouard(et sa disponibilité: il n'a pas hésité à s'assoir et à deviser avec eux), et le naturel et la franchise D'audéguy. JE Boulin , en revanche a eu quelques soucis avec son public. Il est entré dans la salle comme pour un show télévisé , puis lors des questions a sans doute voulu ressembler à l'image qu'il se fait des adolescents: aucune tenue, langage relâché, ne répondait pas aux questions ou les contournait... Bref, les élèves n'ont pas été dupes et sont rentrés à Angers en colère contre lui. CEux qui n'avaient pas encore lu son livre,  ont déclaré qu'ils ne le feraient sans doute pas car le personnage les avait énormément déçus. j'ai bien sûr essayé de leur dire qu'il ne fallait pas mélanger la valeur littéraire et le personnage public que se forge l'écrivain, mais je ne sais pas si j'ai été entendue. Il faut dire , pour sa défense, qu'il est passé juste après un Audouard qui a su captiver son auditoire comme en témoignait le silence qui accueillait certains de ses propos.
Voilà pour la rencontre de Nantes. Elle a tout de même eu un effet très bénéfique, il me semble qu'elle a redonné un second souffle à la classe puiqu'ils sont sortis du Cdi tout à l'heure , chacun avec plusieurs livres sous le bras.
Cela m'intéresserait de savoir ce que d'autres classes ont pensé de la prestation de Boulin à nantes ou ailleurs.
 
 
 
bonsoir; pour nous Troyes avec lapouge, bataille, audouard, nothomb
c'est elle qui a plu... à mes élèves: directe, très très brève, frisant le mépris à mes yeux pour des questions qu'elle disait ne pas comprendre(si je leur répondais comme cela!) . Lapouge a bien expliqué son projet de livre "gentil", mais les élèves n'aiment guère. Bataille a intéressé. Audouard bien, mais je ne crois pas qu'il ait paru aussi convaincant qu'à Nantes.
Le choix du délégué est fait, même s'il n'a pas encore tout lu; comment faire pour le vote à la rentrée? Sans doute un calcul par pourcentages, pour tenter de rendre compte des tendances...
La Fnac vous a-t-elle donné des info précises sur la rencontre des délégués à Metz? comme d'habitude, notre responsable n'est pas pressé de me tenir au courant (horaire, lieux précis)
Je me sens un peu lasse: élèves très bavards, ne sachant pas se maîtriser. Je suis assez contente de la séance sur les paroles rapportées avec extraits de Disparaître,  Bois des amoureux
et ouest ds un ordre de difficulté croissante avec de bonnes remarques sur les effets. J'avais pensé à Boulin pour le polémique mais je ne me sens finalement pas assez à l'aise avec ce texte

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