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Rita Hayworth

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 14.07 : après relecture, j’ai décidé de reprendre la relation des cinq adolescents afin, notamment, d’affiner leur psychologie.
              Au début, Gigi doit donner l’impression d’un ennui, d’une torpeur sous le soleil. C’est Gilda qui vient secouer cette torpeur. Salvatore est de nature plus légère et vaine. Il cherche à s’amuser mais c’est Gigi qui oriente les choses.
              De leur côté, les trois filles manquent de maturité. Surtout Tiziana et Lauredana. Dans la scène qui se joue sur le ponton, Tiziana est face à Salvatore et n’ose pas se déclarer : comme écrit Musset : « c’est une chatte qui veut bien manger des confitures mais qui ne veut pas se tâcher les pattes ». Dans ce contexte, elle ressent une sensation forte mais réagit trop tard.
              Plus déterminée et mature est Ornella qui saisit l’occasion et qui commence avec Salvatore une véritable histoire d’amour, même si, en contrepoint, se joue en face d’eux une scène de galop amoureux qui frise l’indécence, ce qui incite (aussi dans la mise en scène sans doute –mais tout dépendra de l’actrice – à forcer le caractère provoquant de Gilda. Le nom qu’elle porte est lourd à porter : Rita Hayworth dans le film « Gilda » avait en son temps défrayé la chronique dans une forme subtile de strip-tease… Il faut que l’actrice atteigne à cette forme de subtilité. Il faut ainsi souligner l’intelligence tactique de la jeune Américaine de Torremuzza. »
 
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Sono bella sul pontile...
 
Rubrique Goncourt : je continue à « butiner » dans les livres afin de préparer à la fois l’opération et le programme de première. Avant de refermer le roman « Disparaître », j’ai encore repéré un extrait intéressant dans l’optique de la préparation à l’argumentation. Il s’agit d’un argumentaire destiné à présenter l’intérêt d’une biographie portant sur le personnage de Lawrence d’Arabie : « With Lawrence in Arabia »… Double profit à en tirer : aussi bien pour amener les élèves à défendre leur point de vue Goncourt mais aussi pour les amener à trouver les arguments et à les organiser en fonction d’un point de vue. Aussitôt tournée la dernière page de ce premier roman, je saisis le second, celui consacré à Marilyn sur lequel je reviendrai prochainement.
 
 

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Le sens de l'épilogue

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 29.06 : je termine à peu près la rédaction de la pièce dans le train qui m’amène à Paris (réunion pour lancer les principes de l’opération Goncourt des lycéens).
              Je travaille sur les tirages que j’ai faits : il me paraît évident aujourd’hui de développer encore l’histoire initiale que racontent Francesca et Carolina. Lorsque la créature qu’elles décrivent disparaît en mer, il est plus pertinent de la laisser dériver sur un radeau. L’idée du radeau prépare davantage l’esprit du spectateur au motif du ponton.
              De la même façon, c’est à ces deux conteuses qu’il appartient de boucler la pièce et de rendre plus explicite encore le sens de l’apologue qu’elles ont évoqué au début. Il faudra donc travailler davantage la scène d’épilogue dont elles sont les vedettes… »
 
              Dans la version finale, la scène de l’épilogue est essentielle : elle donne au lecteur des clés pour comprendre « la fêlure » des deux personnages et les principaux motifs de la pièce.
 
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Piccola passeggiata nella città !
 
Rubrique Goncourt : comment pousser les élèves à lire les treize romans ?
D’abord, je dois dire que je n’ai pas grand mérite : faire miroiter la perspective d’un séjour à Rennes et de la rencontre des écrivains motive beaucoup mon équipe. Cependant mon rôle n’est-il pas celui d’un « timonier » qui dirigerait sa barque contre vents et marées ? Voilà en tout cas le type de gouvernail que j’ai "posé" en début d’année et « le cap » que j’ai proposé de suivre (document distribué)…
 
Pour rentrer dans le rythme du Goncourt !
 
Pour jouer efficacement le jeu du Goncourt et se tenir prêts, deux critères essentiels apparaissent :
-          Le critère du temps de lecture.
-          Le critère de l’efficacité de lecture.
Voici donc des consignes et conseils dont il faut tenir compte en priorité :
 
Le temps de lecture.
 
-          Rotation souple et maîtrisée des livres : sept séries des treize livres sont disponibles. Nous sommes 22, dont trois adultes. La classe se répartit en trinômes, (et un quatuor !), chaque trinôme dispose de la totalité de la sélection et s’échange les livres aux dates suivantes.  
-          Arrivée des livres le 8.09 : répartition : chaque lecteur dispose de cinq romans. Il a jusqu’au 2 octobre pour les lire.
-          Le 2.10, à l’intérieur des trinômes, échange des livres, les cinq autres livres sont aussitôt sur la table de chevet ! Le 6.11, tout doit avoir été lu. Le 10.11 a lieu la rencontre régionale de Brest…
 
L’efficacité de lecture. (L’exercice du Goncourt suppose une « autre lecture » : c'est-à-dire une lecture critique de l’œuvre. Il s’agira en effet d’adopter une attitude active face au livre de façon à tenir un discours dessus…) D’autre part, pour éviter « l’effet de brouillage » lié au volume des livres, il est recommandé de lire « le crayon à la main », afin de prendre en notes quelques infos qui pourront vous servir ! Les notes tiendront compte de préférence des points suivants :
 
-          Quatrième de couverture.
-          Cadre géographique.
-          Effets de réel (topographie).
-          Cadre historique.
-          Personnages : physique, psychologie, relations, fonction, évolutions.
-          Style : caractériser l’écriture de l’écrivain (observation de la syntaxe, du vocabulaire, de la présence ou de l’absence d’images…)
-          Thèmes abordés.
 
NB : il y a beaucoup de livres à lire, par conséquent ne pas hésiter à abandonner un livre si, vraiment, « il ne passe pas » !... Mais ne pas abandonner trop vite et expliciter clairement les raisons de la « démission ».
 
 

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Befana sur le ponton : paradoxe des vieilles dames

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 27.06 : les scènes de Carolina et Francesca (scènes 3 et 4) sont jubilatoires, pour les actrices et le spectateur : ces deux femmes sont dotées d’une énergie vitale parce qu’elles se livrent entièrement à leur art. En cela, elles ont de l’excès et recèlent un potentiel comique.
              En même temps, elles véhiculent un message de vie et de liberté, de farouche indépendance. Elles recréent le monde (par la peinture et la fiction), elles jouissent de la vie : elles croquent dans les fruits mûrs (ceux qu’on trouve en abondance dans les marchés siciliens, abricots, pastèques, figues) et ont envie de danser. Chorégraphie claquettes sur le dernier Celentano : « c’é sempre un motivo ».
              Pour accentuer la couleur locale, je parsème le texte d’italianismes. Cela ne devrait pas déranger le spectateur pour deux raisons : les formules retenues ne rajoutent rien au sens des propos, l’italien ressemble au français et le spectateur peut deviner. Dans le livre, de toute manière, il y a une note pour chacune des expressions. »
 
              Je reviens sur le discours des deux femmes. Dans la version définitive, j’ai forcé davantage le trait traditionaliste. Elles incarnent davantage une résistance à la modernité et se trouvent en opposition avec les jeunes qui veulent s’émanciper, même si, paradoxalement, le récit qu’elles colportent est une fable sur la nécessité de jouissance
 
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« c’é sempre un motivo » per Francesca e Carolina ! 
 
 
Rubrique Goncourt : la suite de « Disparaître »
 
Au fur et à mesure qu’on avance dans le roman, la figure de Lawrence d’Arabie devient plus prégnante. C’est ce qui me conduit à privilégier deux autres passages du livre : l’un d’eux est un extrait qui, sous la plume d’un journaliste de fiction, évoque la construction de la légende du personnage. Cet aspect-là me paraît intéressant pour mettre en œuvre la réflexion sur le biographique. D’autre part, le thème du désert et de l’Orient pourrait me ramener à Rimbaud dont j’avais envie de parler à mes premières. Enfin, j’ai repéré une lettre de Lawrence à son fils adoptif, ce qui me permettra d’engager une réflexion sur le genre épistolaire qui fait partie du programme. Par exemple quelque chose dans le style : la lettre testament…

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Zucchero et les petites adultes

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 26.06 : chaque scène est reprise et fournit le cadre à une véritable réécriture. L’impression de rejouer la partie sur un échiquier dont les règles, les lignes de parcours, sont déjà tracées.
              A la scène 1, présentation de Gilda : j’accentue le narcissisme du personnage et je précise son origine : elle vient de Californie, elle suit son père, on lui cède tous ses caprices, elle est lascive et s’enivre de la situation (ponton, farniente, été, envies informulées…) Disque qui convient Zucchero : « Menta e rosmarino ».
              A la scène 2, les filles qui l’observent se positionnent par rapport à cette « étrangère » qui, de toute évidence, « dérange ». Il faut faire de deux d’entre elles, des « petites adultes », incarnant l’esprit xénophobe et l’étroitesse de pensée. Tiziana et Lauredana, qu’on voit souvent le soir assises sur le banc avec les commères du quartier… »

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I vecchi sul bancone...

 

Rubrique Goncourt : le début de « Disparaître » :
Les premières pages mettent en scène un motard accidenté. Le jeu narratif mis en place est intéressant puisqu’il alterne le regard et la voix du motard gravement blessé et les commentaires de ceux qui l’entourent. Cette double focalisation amène le lecteur a remonter le temps aux côtés de l’agonisant dont il ignore l’identité et de celui qui enquête sur lui, à savoir un inspecteur, le dénommé Pointer, qui éprouve bien du mal à cerner un individu apparemment célèbre et constamment poursuivi par les paparazzi… Idée d’exploitation pour le bac (« le biographique ») : la remontée dans le passé et le travail de la mémoire : une page au début du roman indique comment ce personnage se remémore des instants alors qu’il est en train d’agoniser près de l’arbre contre lequel il s’est brisé (volontairement ?)
 

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Choisir la couverture du livre

Publié le par Eric Bertrand

              Petite parenthèse dans le journal aujourd’hui car le livre continue de vivre sa vie et chaque étape compte. Parlons aujourd’hui de l’objet livre…
               L’éditeur a bien reçu la version corrigée. Il me demande de choisir une couverture. Le fait est que j’y pense depuis un certain temps et que j’ai récupéré dans cette optique une série de diapositives prises notamment sur l’île de Vulcano. Je les ai fait tirer sur papier afin de les scanner.
              Elles figurent le devant d’une propriété entourée de visages en céramique. Il y en aura une pour la couverture, elle représente un visage abîmé, sorte de symbole de la confrontation entre tradition et modernité. Une autre image en liseré figurera une série de visages, un peu comme les témoins du spectacle dont il est question dans le Ponton, spectacle de la vie mais aussi spectacle de « la Befana sotto le stelle ».
 
 
La Befana sotto le stelle !
 
 
Rubrique Goncourt : naissance du projet.
              Avant de continuer le vif de l’aventure un petit mot pour répondre à ce que la question inquiète : comment cela est-il venu ?...
              C’est la fin de l’année. Les candidats au bac ont disparu des salles de classe. Ils stressent sur le bureau de la chambre, dans le calme du boudoir ou le gazon du lycée. Les premières revivent les heures (heureuses ?) écoulées en compagnie de Rimbaud, Barjavel, Frégni, Sade, l’Abbé Prévost, Des Grieux, Don Juan… Il est de pire compagnie !
              Et puis un coup de fil au CDI… « Votre lycée pourrait participer à l’opération Goncourt des lycéens »… On me communique l’information… Serais-je intéressé ?...
              Oui, sans hésiter, oui !... L’investissement est lourd pour le lycée, le risque à prendre est grand (beaucoup d’investissement aussi de la part des élèves… sont-ils capables de lire dix romans me demande finement la documentaliste…) De toute façon, oui ! Oui, parce que c’est une immense ouverture. Oui, parce que ça fait lire ! Oui, parce que c’est une chance en Centre Bretagne ! Oui, parce que j’ai déjà participé en 97 et j’en garde un souvenir éblouissant. J’y reviendrai un de ces jours.
 
 

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