Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Parler de livres au café

Publié le par Bertrand

Dans la série des bonnes librairies, je suis allé mercredi rencontrer Edouard Rumel au « café poche » de Dinan. La spécificité de cette librairie, située au coeur de la vieille ville, c'est que le responsable organise depuis une dizaine d'années, une fois par mois, le samedi à partir de 20 h 30, des soirées littéraires autour d'un thème et d’un écrivain. Nous avons donc convenu que le 10 juin prochain, je ferai, dans ce cadre, une intervention à propos du Ceilidh et de son rapport à Macbeth.
              Quand je suis entré dans le « Café poche », c'est aussitôt une agréable odeur de café mêlée à celle du livre neuf qui s'est imposée à moi. La librairie comporte un nombre impressionnant de volumes qui occupent des pans entiers de murs. M.Rumel insiste sur le fait qu'il y valorise les titres rares.
              Beaucoup de clarté dans ces couloirs du Livre qui débouchent sur une dizaine de petites tables rondes ou les gens peuvent effectivement consommer leur café. C'est là que se tiennent les fameux cafés littéraires. La capacité d'accueil est d'environ une trentaine de personnes, difficile d’en admettre davantage. L’intervenant commence par une petite conférence, puis le public pose ses questions avant le rituel des signatures. Edouard se charge de la médiatisation. Des livres seront mis à disposition des lecteurs un mois avant, il me demande également de prévoir une affiche et de lui envoyer des articles de presse.
              Outre l'organisation de cette manifestation, nous avons pu profiter d’un moment de tranquillité dans la librairie dans la mesure où, en ce début d'après-midi, peu de clients sont passés. Bien sûr, nous avons parlé livres, mais également Gainsbourg dont il est grand amateur. Nous avons échangé aussi à propos de la SACEM, milieu qu'il connaît particulièrement bien puisqu’il a déjà animé des réunions littéraires et musicales et que la SACEM s'en est aussitôt inquiétée. Je suis d'ailleurs en train de régler le dossier SACEM lié à notre prochain spectacle : la leçon qu'il faut en tirer, d'après son témoignage, et je le confirme, (avis à tous les organisateurs de spectacle !)il ne faut jamais oublier de faire sa « confession » à cet organisme qui chapeaute toutes les manifestations publiques y compris les plus humbles…
 
              En quittant le « Café Poche », je pense à ces quelques vers de Guillevic, extraits du recueil intitulé Sphères : « des halles » :
Nous entrions parfois dans des cafés secrets
Sur le bord de la route (…)
Et nous sortions toujours de ces cafés secrets

Pas tout à fait les mêmes qu’en entrant.

 

 100-3936.JPG

 

 

 

 

 

 

Voir les commentaires

The special touch of Caithness

Publié le par Bertrand

Je suis en ce moment, et les lecteurs de ce blog ne diront pas le contraire, dans une période d’hommage au Caithness. Rappelons le, le Ceilidh porte une dédicace « aux gens du Caithness » et le clan Sinclair prépare la newsletter du printemps à laquelle j’ai l’honneur de participer. Je viens de leur faire parvenir un nouvel article retrouvé dans mes archives et consacré à ma perception du Caithness telle que je l’avais décrite au moment où, en juin 84, je m’apprêtais à quitter la région. Voilà cet article tel que je viens de l’envoyer et qui fera l’objet d’une parution dans une édition ultérieure de la newsletter.
 
              “What a miserable day!” and people are struggling back to their houses as if the smell of peat or coal was drawing them away from the stormy landscape. The train, like a monster at the top of Station Road blows its last whistle and throws itself towards the moorland, through the snow and the lights of the station softened by the heavy fall... It seems to be a kind of old fashioned loaf put into an oven. Going along Wick River, it will meet the other train coming along Thurso River, and after the junction, give you a real feeling of adventure through the bad weather in the moorland among the many prehistoric remains hidden beneath peat.
              “That’s winter !”, the impressive winter of Caithness, stretched away from the heart of the country. The blocks of ice come down the rivers, through the towns of Wick and Thurso, down to the sea where they finally follow the natural rhythm of the tides...
              On certain days, from the bridge, I think the river is a link between the crashing waves of the Creation and the setting ices of an early moving glacier : it seems Caithness is the stone of meeting waters, erosion and time. Time flowing away, as quickly as the high and fresh clouds rushing their way through the high winds, time blowing through our old ruins of Auld Wick and Sinclair Girnigoe castles, giving to them a sense of mystery. Nobody would approach them at that time of the year, except with a bottle of whisky to keep the body warm and the ghost stories alive !
              Sheltered in the houses, it’s time to realize that the history of these castles is slowly dying away... But you surely still know the story of John Sinclair “starved to death” in Girnigoe dungeon... The striking words of the tale still blow in your memory as violently as the winds on the cliffs, slowly eroding into the rocks and the country itself.
              “Lovely day, isn’t it ?” and people are strolling about Bridge Street, feeling the light air, wearing their light clothes, mothers talking together, slowly pushing their prams. The waters have turned green in the river and the sun is still high in the sky when you can hear the whistle of the train leaving at 6.
              There is something changed : the winter cycle has gone by, here comes now a new cycle of time, with the longer and longer days, the miracle of nature dying to express itself through the many facets of life.
              “Up Helly Aa !” as they say in Shetland : the sun comes into the summer cycle, right to the climax of the midnight sun. The standing stones on the hills still keep an eye on the slow approaching lights of the solstice. Then, there is, in the atmosphere, a feeling of precious, magic moments : time doesn’t seem to pass... Maybe you’ll fancy going out at midnight, it doesn’t matter, it’s still bright ! Going along Wick River, right to the Fairy Hillock, maybe you’ll be entranced in this quiet area where the legend is slowly coming back to your mind as a part of the landscape.
 
              That is the special touch of Caithness : the blending of time and seasons And because of that, the casual tourist will never feel the real Caithness... Not the Caithness one can experience on a summer day, reflected in the smiling faces of people who have endured a long hard winter with tenacity and are now rejoicing in the sunshine.
 

Voir les commentaires

Le son Run Rig

Publié le par Bertrand

http://www.runrig.co.uk/
              Par le biais de ce site, je donne une coloration concrète et musicale à cet article. Le nom de ce groupe d’origine écossaise est familier aux lecteurs de ce blog et du « Ceilidh » puisque leurs chansons et mélodies occupent une place de choix dans la pièce (soit, pour ce qui concerne le livre, dans les didascalies, soit, pour ce qui concerne la scène, dans les marges destinées aux musiciens). Toujours au niveau de ce qu’on peut appeler « la mise en relief de la pièce », on peut noter en même temps que Run Rig, la présence d’un autre groupe dont le nom revient aussi et auquel je consacrerai un petit mot, c'est « Silly Wizard » et puis « Donnie Munro » dont il va être question.
              Ma découverte progressive de l'Écosse est jalonnée par le son Run Rig. En car, en train, en avion, à vélo, près de mon feu de tourbe dans ma petite maison de la Glamis Road que j’avais surnommée « Bételgeuse » parce que je disais qu’elle me rapprochait des étoiles … La première fois, c'était sur la route entre Thurso et Wick, à bord d'une voiture conduite par Iann, membre du club de plongée sous-marine (je m’y étais inscrit dans le but de faire des rencontres avec des gens plus jeunes qu’à la High School de Wick and Thurso).
              Il avait mis une cassette et je lui ai demandé ce que c'était. Il s'agissait du second album de ce groupe connu dans le pays depuis le fameux « Play gaelic », sorti en 1978, album consacré entièrement aux origines : la terre des Hébrides, les chants traditionnels, la musique dépouillée qu'on appelle « mouth music » ou « poch n’abhair » en gaélique. Celui qu'on écoutait s'appelait : « Highland connection », sorti en 1979 : d’après Iann, il était marqué par un son beaucoup plus moderne mais on y retrouvait en même temps les instruments traditionnels et la langue gaélique… C’était un soir d’hiver. Un ciel étoilé, réserve d’aurore boréale (au Caithness, il faut toujours regarder le ciel, c’est là que tout peut arriver…) On passait par l’itinéraire Castletown, celui qui traverse les zones de lande et qui longe pendant un temps la ligne des îles Orcades. Quand on arrive sur Wick, on aperçoit la Baie des Sinclair. Ackergill Tower. Sinclair Girnigoe castles. La musique s’inoculait au paysage et à mes veines. Moi, l’inconditionnel de Julien Clerc, Brassens et Gainsbourg, je découvrais quelque chose d’une essence inconnue. Peut être un peu de la lande des « menhirs » de Roda Gil et du mystère de Melody Nelson, mais dans une version démesurée.
              Iann a proposé de m’enregistrer cet album ainsi que le précédent. C'est ainsi que j'ai pu découvrir dans le détail ces chansons qui allaient me devenir si familières, ces chansons qui allaient me suivre partout...
              Par la suite, à chaque fois que je suis revenu dans les Highlands, j'ai acquis le dernier album. D'abord en cassettes, puis en CD, maintenant en MP3. J’ai appris en avril 2000 que le groupe s'était hélas dissout. Le chanteur du groupe a repris tout seul la carrière, il s'appelle Donnie Munroe, il a une voix exceptionnelle et on l'entendra aussi dans le spectacle. Ce que j’ai toujours apprécié dans la production Run Rig, c'est la puissance de voix et de musique, le son du gaélique qui continue d’émailler certains titres de Donnie Munroe, les pochettes aussi qu’on trouve reproduites sur les images du site. À mon sens, toute l’Ecosse est là.
F1000028.JPG
 

Voir les commentaires

Lecture tabulaire du "Ceilidh"

Publié le par Bertrand

Pour bien se placer sur scène, il faut savoir quand entrer et sortir. Voilà le type de feuille affichée dans les coulisses afin que tous, comédiens et musiciens, pris sous le feu du trac, retrouvent au plus vite leurs repères !
 
Acte 1 :
Scène 1 : Le metteur en scène Ronald Mac Donald, a proposé à sa troupe de venir préparer sa nouvelle pièce dans les lieux mêmes qui l'ont inspiré. Heather (qui va jouer la princesse Fiona) est déjà venue auparavant avec lui repérer le secteur (c'est aussi à l'occasion de ce déplacement qu'elle a cédé au charme du séducteur, mais personne, à l’exception de Sheumas, ne le sait…). Elle est originaire de cette région du Caithness et elle retrouve en compagnie de son nouvel amant, le londonien Max, (qui va jouer le rôle de John) les terres de son enfance.
 
Scène 2 : Sheumas est le complice de Ronald. C'est lui qui manigance les choses et qui a tout organisé pour que le plan fonctionne : il joue avec les protagonistes de la pièce comme avec des pions. Par téléphone, il fait le point avec Ronald, alors que les autres membres de la troupe sont tous arrivés dans le secteur et que le ceilidh va avoir lieu dans le pub du Black Cat.
 
Scène 3 : la scène se passe dans une rue de la petite ville de Wick. Les trois comédiennes qui ont joué le rôle des sorcières dans Macbeth sont occupées à chercher le pub dans lequel doit se dérouler la première représentation publique du Ceilidh.
 
Scène 4 : la comédienne Rebecca, maîtresse attitrée de Ronald et ex-lady Macbeth est dans un état d'hystérie. Elle soupçonne son amant de la trahir et lui reproche amèrement de ne pas lui avoir confié de rôle dans sa nouvelle pièce. Ronald essaie de l’apaiser et la rassure en lui rappelant qu'il lui a quand même confié le rôle de la mise en scène et, d’autre part, l’a chargée de dire un extrait d’une tirade de Lady Macbeth, extrait qui le fascine et dans lequel l’héroïne exprime son tempérament monstrueux. Quand il parvient enfin à l'apaiser, il lui demande de l'aider à réaliser le crime qu'il a prévu : assassiner Heather. Après lui promet-il, ils seront enfin libres de s’aimer et partiront tous les deux vers l'Argentine
 
Acte 2 :
Scène 1 : pour tromper l'ennui dans le pub où elles sont arrivées un peu trop tôt, les sorcières font tourner les verres et invoquent l'esprit de John Sinclair.
 
Scène 2 : Max et Heather les rejoignent et plaisantent un peu avec elles. Mais le rire tourne court et les deux amants trouvent que décidément, elles ont trop mauvais goût !
 
Scène 3 : le « ceilidh » dans le sens de « fest noz » vient enfin de commencer, Sheumas peut annoncer l'entrée en scène de Ronald Mac Donald qui va présenter sa nouvelle pièce. Il laisse d'abord la parole à Rebecca qui « ouvre la cérémonie » en récitant la fameuse tirade. A travers un duo lyrique avec Sheumas, elle évoque ensuite le site de la tragédie et invite le spectateur à faire un effort d'imagination pour se transporter sur la Baie des Sinclair, du côté de Girnigoe et d’Ackergill, environ trois siècles plus tôt.
 
Scène 4 : John Sinclair est attaché dans le cachot du château. Il hurle son désespoir.
 
Scène 5 : le frère cadet de John, Georges, vient agacer son frère, à la fois par sadisme et par calcul : il cherche toujours à plaire à son père.
 
Scène 6 : alertés par les cris de John, le Master entre et encourage son fils à traiter encore plus sévèrement son aîné... Ainsi ce dernier se trouve-t-il purement et simplement autorisé à commettre un fratricide. Enivré par son pouvoir et son ambition, Georges invoque à son tour les « esprits meurtriers » de Lady Macbeth.
 
Scène 7 : reniflant la bonne affaire, les sorcières accourent. Elles concluent un pacte avec Georges et lui promettent le Pouvoir absolu.
 
Scène 8 : de l'autre côté de la Baie des Sinclair, la princesse Fiona souffre dans sa tour et exprime son désespoir. Les sorcières viennent la torturer. Excédée et dans un moment d’hallucination, cette dernière finit par se jeter au bas de la falaise et devenir celle que la légende appelle : « la Green Lady ».
 
Scène 9 : Georges s'apprête à tuer son frère en lui donnant une bouteille de whisky pour apaiser sa soif (il l’a auparavant nourri de viande salée…) Mais John, ivre d'alcool et de rage, parvient à le saisir et à l'étouffer avant de se cogner la tête contre les murs de son cachot.
 
Scène 10 : les sorcières reviennent triomphantes pour savourer le plaisir du carnage. Elles se disputent sur les corps étendus. Après une petite altercation avec ses deux comparses, Lou quitte la scène. Suzy finit, elle aussi, par sortir. On entend un cri qui vient des coulisses : c’est censé être celui de « la Green Lady », c’est en fait celui de Suzy qui vient de découvrir le corps inanimé de Heather. Le scénario du Ceilidh s’arrête là. La réalité a rattrapé la fiction et le piège prévu par Ronald se referme. Max, assommé par le faux thé glacé que contenait la bouteille de whisky ne peut plus réagir. Sur la scène, c’est l’affolement…
 
Épilogue : Sheumas a retrouvé l'embarcation qu'il avait préparée au bas de Girnigoe. Il amène à son bord Lou et Ronald. Rebecca, qui était venue au rendez-vous fixé par Ronald vient d'être assassinée par les deux amants diaboliques (c'est sans doute Lou qui a commis le meurtre, on sait que la nature de Ronald est, comme celle de Macbeth, «  trop pleine du lait de la tendresse humaine ». Sheumas a desserré le frein à main de la voiture de Rebecca pour faire croire à un accident. Le brouillard est dense. Le metteur en scène a décidément bien réussi son coup !
 
The far north of Scotland.
 
F1000007.JPG

Voir les commentaires

Résumé du "Ceilidh"

Publié le par Bertrand

Je continue ces jours-ci « la fiche technique » du Ceilidh afin de le rendre le plus clair possible à tous ceux qui vont travailler avec nous, musiciens mais aussi techniciens avec lesquels je dois voir prochainement la question de l’éclairage, nouveaux lecteurs de ce blog…. Et puis, cette histoire, avec ses personnages et sa trame à la fois réels et fictifs, avec sa référence à Macbeth et à l’histoire de John Sinclair est un peu « baroque » et il faut un effort de rigueur pour faire comprendre à l’essentiel. Voici donc un résumé :
 
              Ronald McDonald est devenu célèbre en Grande-Bretagne depuis qu'il a mis en scène la seule pièce écossaise de Shakespeare Macbeth. Profitant de ce succès, il vient d’écrire une nouvelle pièce qu'il baptise le Ceilidh. Or, certains des personnages du Ceilidh ressemblent étrangement à ceux de Macbeth.
              Ronald distribue justement les rôles aux acteurs de la troupe qui ont déjà joué dans Macbeth. Le Ceilidh se passe au XVIIe siècle dans les Highlands d’Écosse, au Caithness. Il relate les événements tragiques liés à la famille Sinclair : un père, monstre d'ambition et d'orgueil, enferme son fils John dans le cachot de Girnigoe et le torture à mort parce qu’il a osé défier son pouvoir. Il réserve le même sort à sa fiancée, Fiona qui périt dans la tour d’Ackergill située non loin de Girnigoe. Son fils cadet, Georges, manipule dans l'ombre et cherche à gagner la confiance de son père pour obtenir à son tour le pouvoir.
              Telle est la trame de la pièce imaginée par Ronald. En même temps, et cela ne se révèle qu'à la fin, elle permet à cet instable de réaliser ses ambitions (changer de vie, abandonner le métier du spectacle, devenir maître d'un immense domaine en Argentine, épouser la fortune de Lou et se débarrasser de deux maîtresses encombrantes : Heather (qu’il a mise enceinte) et surtout Rebecca, l’intraitable amante, ex-lady Macbeth.
 
FH000014.JPG

Voir les commentaires