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livres

Poème de Francette

Publié le par Eric Bertrand

              Un peu de poésie ce matin... Au fil des échanges avec l’une de mes lectrices « Pour y voir Clerc » et « la Route, la Poussière et le sable », nous avons entamé une relation d’amitié et d’estime réciproque. E

              Elle m’a envoyé récemment quelques poémes de sa composition dont l’un m’a particulièrement touché. Je le mets en ligne avec son autorisation.

 

Je rêve d’un jardin, qui n’existe pas,

De Savigny de mes souvenirs d’enfant,

Un petit village en noir et blanc entre Loir et Cher,

Où coule La Braye, dans sa sombre vallée,

Bordée de grands peupliers,

Qu’illuminent l’ardoise et la craie.

 

Savigny apparaît dans la trouée brumeuse des souvenirs,

C’est le petit pont de bois, qu'on a tous dans sa mémoire,

Que le présent enjambe pour retrouver le passé,

La barrière qu’on ouvre,

et la pompe à bras couleur de rouille.

 

Je rêve d’un jardin,

Du temps suspendu des vacances immortelles,

Des parties de cache-cache et des compotes de fraises.

Je partais chaque matin, en balade au fond du jardin,

Traquer les escargots aux couleurs de soleil,

Et faire du vélo dans la grande allée centrale,

Bordée d’immenses bouquets odorants.

 

Ce jardin,

Comme un rêve d’enfance….

 

Francette C Janvier

 Octobre  2008

Texte dédié à Ronan

Mermaid in Dirlot Castle

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Article du mois : de la poésie à l’urinoir

Publié le par Eric Bertrand



            Tournant du mois, rendez-vous avec notre rubrique « article du mois »… J’ai envie de reparler art et poésie à travers cet article que j’ai écrit le 3 janvier…

 

            « Et je pisse vers les grands cieux, très haut et très loin avec l’assentiment des grands héliotropes »… Qui se souvient de ces vers d’Arthur ? Restons dans cette coloration pour l’article de ce matin !

           Qu’est-ce que la poésie, qu’est-ce que l’art ? Grandes questions que je m’amuse souvent à poser aux jeunes consciences dont j’ai la charge pendant mes heures de cours, notamment lorsque j’aborde ce que l’institution nomme « objet d’étude : la poésie ». Les réponses sont en général bien décevantes, « la poésie, c’est quand ça rime »…

            Comment expliquer les choses simplement afin, à la fois, de corriger la représentation et d’interpeler ces consciences la plupart du temps vierges de toute culture poétique ? J’écoutais récemment un entretien donné par Claude Lévi Strauss sur une radio qui lui rendait hommage. Le grand ethnologue était interrogé sur les structures de l’art, et il livrait des propos très concrets. Il reprenait l’idée chère aux linguistes selon laquelle le vocabulaire a pour tâche d’affecter à des réalités des signifiés bien déterminés et il prenait l’exemple du fameux « urinoir » de Duchamp.

             Le « génie » de Duchamp a consisté à « déplacer » l’objet de son signifié habituel pour « réveiller » en lui d’autres significations qu’il n’avait pas dans des toilettes publiques… Dans un musée, au contact d’autres objets d’art, sur des murs propres et sacrés par le regard des visiteurs et le culte de la Beauté, l’urinoir se mettait soudain à exister par sa forme, sa blancheur, sa différence, son extravagance…

             Bref, il changeait de vie et se dérobait de son signifié initial. Il en va de même pour la poésie et pour l’acte d’écriture poétique… Je citerais volontiers à l’élève qui a tenu le choc de l’explication, ces trois citations d’auteurs : l’une de Supervielle selon lequel « le poète est le contrebandier de la langue », l’autre de Tardieu : « la poésie c’est quand un mot en rencontre un autre pour la première fois », enfin une dernière de Sartre : « la poésie ne se sert pas des mots, elle les sert ».

              Bonne déglutition !



Le Ponton (13) : épilogue
envoyé par Sheumas1

 Quand l'été est fini...

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La réception de l’œuvre par une classe de 5° (Robinson 6/6)

Publié le par Eric Bertrand


        Pour aborder l’étude de Vendredi ou la vie sauvage, j’ai proposé un exposé sur Alexander Selkirk, ce qui m’a permis ensuite d’expliquer à ces « petits élèves » comment une histoire devient un mythe sitôt qu’un certain nombre de penseurs s’en emparent. Ils ont assez bien mesuré la distance entre Defoe et Tournier et ont senti à quel point ce dernier auteur était plus proche d’eux et de leurs préoccupations humanitaires (pour certains d’entre eux, du moins, les plus matures).

         On a parlé de la réalité du commerce triangulaire et de l’odieux système économique mis en place sur le dos des « races inférieures » et sur le dos des esclaves noirs. Et tout naturellement (c’était au lendemain de la cérémonie d’investiture d’Obama) on a évoqué la force du symbole que représente maintenant le président des Etats-Unis.

         On a même rappelé, avec les plus érudits d’entre eux, les figures de Martin Luther King et la période de l’apartheid. Et on est allé jusqu’à effleurer, dans une séance nerveuse, la pensée de Claude Lévi Strauss.

          Lancé sur le thème, je n’ai pas manqué de finir l’heure sur le sort des « Peaux rouges » et la Controverse de Valladolid dont certaines filles ont recopié le titre sur leur cahier de texte afin d’aller faire une recherche sur internet.

         Des heures comme celles là donnent un sens au métier de professeur qui n’est pas seulement un extincteur de chahut armé d’une carabine à répétitions !



Le Ponton (8) : faire tomber l'armure...
envoyé par Sheumas1Au jeune Salvatore de profiter du "magnétisme" de ponton pour "parler d'amour"!

 


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De Selkirk aux Robinson (Robinson 5/6)

Publié le par Eric Bertrand


 

         Un petit rappel pour le lecteur. Defoe a construit son roman à partir de l’aventure réelle vécue par un marin écossais nommé Alexander Selkirk. Mais son œuvre est un roman et l’écrivain y a mêlé de nombreux apports personnels. D’abord, la durée : 28 ans au lieu de quatre, le lieu, les îles Caraïbes et non le sud de la Terre du Feu, l’époque : l’histoire de Crusoé est située cent ans plus tôt.

           En dehors de ces considérations qui touchent à la réalité du roman, il faut ajouter tout ce qui a trait à la personnalité de Defoe et à la période pendant laquelle il a écrit son livre. A la différence de Michel Tournier qui invitera Robinson à s’interroger sur son être profond et sur son rapport à l’Autre, Defoe se sert de son personnage pour évaluer le système économique dont il est le représentant et, en quelque sorte, le délégué.

            L’activisme qui lui assure la prospérité ne va pas sans interrogation religieuse : Robinson est un grand lecteur de la Bible et il ne cesse de revenir au texte sacré pour juger des événements et penser Dieu. C’est là une démarche de nature protestante assez révélatrice de la disposition d’esprit des missionnaires de l’époque de Defoe. D’ailleurs, l’une des premières tâches auxquelles s’emploie Robinson, c’est bien d’amener le sauvage à la conversion par une lecture réfléchie de la Bible.



Le Ponton (7) : coup de foudre sur la place du village.
envoyé par Sheumas1
Rencontre explosive avec l'Americana... Gigi sort de ses gonds !

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Lecture de Robinson Crusoé de Defoe : le retour (Robinson 4/6)

Publié le par Eric Bertrand


         Le roman de Robinson ne s’achève pas là.

         Defoe consacre encore une soixantaine de pages à la réinsertion de Robinson dans son univers original. Au bout de vingt huit ans, suite à l’accostage d’un navire dans lequel il y a eu mutinerie, Robinson retrouve la direction de son destin : il rétablit le capitaine dans son navire et revient en Grande Bretagne où il jouit d’une belle fortune du fait de ses placements dans les plantations.

         Mais son démon du voyage ne l’a pas quitté et le lecteur se retrouve entraîné derrière lui dans un certain nombre d’aventures palpitantes qui mettent notamment Robinson aux prises à des dangers qu’il juge plus redoutables que les dangers de la mer : la traversée des Pyrénées en plein hiver, poursuivi par des meutes de loups affamés. On retrouve dans ces pages ce type d’aventures caractéristiques des romans du XVIII° un peu dans le genre de ceux de Cleveland ou de l’abbé Prévost (dont on ignore souvent que le célèbre « Manon Lescaut » n’est qu’un extrait d’un immense roman feuilleton baptisé : « Aventures du chevalier Des Grieux »…


Gigi et Salvatore en place du village (Le Ponton : 6) : retour sur la place du village avec les deux jeunes Siciliens qui ne savent que faire pour tromper l'ennui.
envoyé par Sheumas1

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