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livres

« La Princesse de Clèves » et Mme de La Paillette 2/2

Publié le par Eric Bertrand

               Le lecteur de ce blog sait que j’ai un petit faible pour les auteurs rebelles, ceux qui, par leurs œuvres ou leurs écrits, dénoncent le danger de l’abêtissement. Un élève, une consigne académique ne me fera jamais baisser la garde dans mon enseignement ou dans le choix de mes lectures abordées en cours.

               Dans le roman de Bardbury, Fahrenheit 451, face à des brigades du feu qui se lancent dans la folle mission de détruire les livres et de faire la guerre aux penseurs et aux lecteurs, un groupe de dissidents fait le pari d’apprendre par cœur des passages entiers des grandes œuvres de l’humanité, de vivre dans la clandestinité et de se réunir en cachette pour se réciter les livres par cœur... De cette façon, le feu ne dévastera jamais tout et la grande culture subsistera face aux assauts du Pouvoir.

              C’est, dans une autre mesure le même mouvement que l’on constate actuellement en librairie : La Princesse de Clèves compte parmi les ouvrages les plus réclamés par les lecteurs...

                 Ecoutons Victor Hugo pour conclure ces propos. Face à un gouvernement à paillettes, il préférait la profondeur du « Gouffre » : l’exil à Guernesey et la plongée dans ses grandes œuvres. La première est un brûlot contre « Napoléon le Petit » : les Châtiments...

 

« La Pensée échappe toujours à qui tente de l’étouffer. Elle se fait insaisissable à la compression ; elle se réfugie d’une forme dans l’autre. Le flambeau rayonne ; si on l’éteint, si on l’engloutit dans les ténèbres, le flambeau devient une voix, et l’on ne fait pas la nuit sur la parole ; si l’on met un bâillon à la bouche qui parle, la parole se change en lumière, et l’on ne bâillonne pas la lumière... »

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« La Princesse de Clèves » et Mme de La Paillette 1/2

Publié le par Eric Bertrand

             Une culture classique est-elle économiquement utile et réellement productive ? Sur cette base « à l’aveuglette », notre président mettait récemment le feu aux poudres et jugeait caduque qu’on enseignât la littérature de Mme de Lafayette à un concours administratif.    Quel besoin le client a-t-il de traiter un dossier avec une employée qui aura pris le temps d’analyser les tourments d’une passion si datée ?

             C’est un peu le discours que tient la majorité des élèves qui s’indignent de devoir, bon gré mal gré, entrer dans la logique d’un texte de Voltaire, Flaubert ou Le Clézio ? Monsieur, c’est de la langue du Moyen-Age ! On n’y comprend rien !... Seraient-ils au fait de l’actualité, ils pourraient trouver dans les propos du Président un argument d’autorité !

             Il y a de cela plus d’un siècle et demi, Théophile Gautier s’indignait déjà contre cette concurrence déloyale. Dans La Préface de son roman Mademoiselle de Maupin, face aux détracteurs du Beau, il écrivait ironiquement à propos de littérature utile : « l’endroit le plus utile dans une maison, ce sont les toilettes »...

              Au lecteur d’en tirer les implications !

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Sujet de rédaction à partir du roman d’Erik Orsenna (1/2)

Publié le par Eric Bertrand

             Voici un prolongement à la lecture de « la grammaire est une chanson douce » que j’ai fait partager il y a quelques jours aux lecteurs de ce blog.

             L’un des intérêts de la lecture, c’est aussi d’imaginer des sujets de rédaction à proposer aux élèves. Dans cette période que certains baptisent « printemps des poètes », voici le sujet proposé en classe sixième et j’en donne demain une correction illustrée pour un peu de poésie !

 

« Dans un roman d’Erik Orsenna nommé « la Grammaire est une chanson douce », des enfants, à la suite d’un naufrage, arrivent sur l’île de la Poésie.

Imaginez que vous êtes l’un de ces enfants. A quoi une île comme celle-ci ressemble-t-elle ? Découvrez-la en tenant compte surtout des idées abordées en cours à propos de la poésie (que voyez-vous ? Qui rencontreza-vous ? Qu’apprenez-vous ? Que vous arrive-t-il ?...)

Attention ! L’ensemble de votre devoir doit avoir rapport avec votre idée de la poésie. Vous pouvez écrire votre récit au présent, comme dans un carnet de bord et vous appuyer sur l’organisation suivante (présentation en paragraphes)

- Réveil sur l’île après le naufrage.

- Observation de choses étonnantes qui correspondent à votre définition de la Poésie.

- Rencontre d’un ou plusieurs personnages (comme dans le Petit Prince qui vous expliquent des choses sur la Poésie)

- Analyse de l’effet que cette expérience a sur vous. »

 

 

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« La grammaire est une chanson douce » Erik Orsenna. (5/5)

Publié le par Eric Bertrand

              Dans cette île initiatique où sont arrivés les deux enfants, les mots sont libres et soufflent comme un grand vent à l’oreille de Jeanne. Ceci n’est pas une image, les mots sont à ce point libérés et fougueux qu’ils la fatiguent : il faudrait remettre de l’ordre dans ce chaos débridé et c’est à ce moment qu’intervient la grammaire...

              Les guides amènent alors les enfants dans la ville des mots où ces derniers se sont affranchis des bouches (ces enclos souvent malsains et avariés...) et ont retrouvé la plénitude et le libre arbitre du grand air. Ils se sont naturellement regroupés par catégories, clans, tribus, et la plus grosse des tribus est celle des noms communs qui circulent avec leurs articles et qui passent leur temps à chercher des habits dans les magasins d’adjectifs... Charmant défilé de haute couture que nous offre là le talent d’Eric Orsenna.


 

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« La grammaire est une chanson douce » Erik Orsenna. (4/5)

Publié le par Eric Bertrand

 

           J’évoquais hier la figure du gouverneur Nécrole dont on trouverait aisément aujourd’hui un équivalent politique... Voici l’un de ses slogans : On perd le sens du travail quand on a trop de mots.

           Comme dans le roman de Bradbury, il impose sa politique par le feu : des hélicoptères survolent l’île et enflamment tout ce qui ressemble à des buissons de mots. Des mots ardents, des mots en pelote qui font de la braise et qu’il faut réduire en cendres.

            Heureusement, les opposants au régime sont plus nombreux que dans « Fahrenheit 451 » et Jeanne, suite à sa bonne initiation, en fait partie : par exemple, chaque fois qu’elle découvre dans le dictionnaire un mot nouveau, le soir avant de s’endormir, voici sa réaction : Alors je vous jure ma lampe quitte la table où d’ordinaire elle repose et s’en va éclairer quelque région du monde oubliée.

            C’est une langue belle qu’elle découvre et, chemin faisant, elle prend aussi conscience de la nécessité de l’organisation des mots dans la phrase : c’est ce qui justifie le titre de l’ouvrage d’ailleurs. Eric Orsenna nous fait comprendre quel rôle pacificateur la grammaire joue dans une phrase. Dans cet air iodé de l’île, le lecteur redécouvre autrement les cours de grammaire. Suivons demain, pour conclure, un épisode imagé et une relecture de cours de langue...

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