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Huis clos dans les Highlands : quelques réactions

Publié le par Eric Bertrand

« Merci pour cette soirée magnifique. C'est une réussite totale. J'ai particulièrement aimé les sorcières, leurs danses, leur humour. J'ai adoré la musique et la voix
émouvante de Fanny Martinet.  
Les apparitions de l Ecossais parlant le gaélique donnaient  la chair de
poule.   Il y avait comme une sorte d'envoutement flottant dans l'air à
ce moment là. J'ai beaucoup aimé le décor avec la mer
qui apparaissait parfois sur le corps des acteurs. Félicitations à vous tous qui
avez fourni un travail considérable pour arriver à ce résultat. Mon
seul regret est qu'il n'y aura que deux représentations, et votre
spectacle mériterait vraiment d'être découvert.                        
     A bientôt  et encore BRAVO ! »
 
              Je commence cette rubrique par ce beau commentaire écrit que j’ai reçu hier, sur mon mail. J’en rapporte d’autres, reçus oralement. Sans doute en mettrai-je de nouveaux. C’est intéressant, à ce stade du travail, de noter le ressenti de ceux pour qui nous travaillons dans l’ombre depuis tant de mois…
  
              "Très fluide. Très bien joué. Complexe. Incompréhensible. Tortueux. Envoûtant. Désopilant. Impressionnant. Intéressant. Energique. Rythmé..." Voilà quelques réactions prises à chaud dans le public. Quant aux nuances, nous avons recueilli différents échos. Conversation intéressante entre deux groupes opposés : ceux qui trouvaient que, dans ce spectacle, on rentrait progressivement dans la machination et le théâtre dans le théâtre, et ceux qui avouaient qu’ils avaient lâché prise à cause de la complexité de l’intrigue. Mais ceux-là annoncent qu’ils vont revenir pour mieux saisir les fils de l’intrigue et de l’interprétation car, comme je l’ai déjà dit ailleurs dans ce blog, l’un des aspects du travail de la mise en scène consistait aussi à faire deviner (par le jeu des acteurs) les éléments du dénouement.
              Je le dis encore pour ceux qui veulent revenir, observez bien Lou et Ronald, ils envoient constamment des signes pour le dénouement. Ils tiennent intensément leur jeu… C’est sur cette intensité qu’est revenu l’un des collègues, passionné par le théâtre. Depuis le début, il a aimé la pièce (il a assisté à d’autres répétitions courant février) Son point de vue est juste : une telle pièce aurait été encore plus intense dans un espace très réduit, propice à une atmosphère pesante et soulignant davantage l’intimisme de la situation : comme dit l’une des sorcières, c’est une pièce qui montre « ce qui se passe sous les cœurs ».
              Opinion avisée mais, en même temps, utopie, car c’eût été gommer la présence des musiciens. Ce serait presque une autre pièce qui se jouerait alors ; dans ce huis clos étouffant propice aux machinations de Ronald. L’espace du Moulin à sons, beaucoup plus petit, va-t-il réaliser ce compromis…
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Between the stage and the light...

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Invitation au voyage : seconde représentation

Publié le par Eric Bertrand

Elle a commencé à 20h45, s’est achevée aux alentours de 22h30. Cette fois, « la mécanique » est rodée. Les techniciens maîtrisent l’ensemble de l’éclairage et les synchronisations sont tout à fait assurées. Les comédiens n’ont déjà plus le trac, je perçois même chez eux comme un essoufflement, signe de fatigue de la journée exigeante qu’ils viennent de traverser mais aussi signe de déception devant le public beaucoup plus « humble » venu pour les applaudir. On divise le nombre par 10 : 70 au lieu de 700, ça fait une différence ! Mais attention, c’est aussi un public de qualité, un public de fidèles particulièrement attentifs. Beaucoup d’entre eux ont acheté le livre et connaissent sinon la pièce du moins sa version narrative.
              Et du coup, une sourde contrariété, une envie moins forte de jouer, chez certains du moins. Je les encourage en mettant ça sur le dos de la fatigue. Je me rappelle des représentations devant un pauvre public avec les comédiens du « Loft » ou de « l’homme à la tête de chou et au cœur d’artichaut » : ceux-là ont pourtant toujours eu autant de plaisir à jouer. Jouer, jouer, avant tout jouer pour continuer d’exister dans l’espace de la pièce et dans la peau de « personnage papillon », condamné à perdre de ses couleurs sitôt que le rideau sera retombé. Julie est la première à être touchée par cette forme de dépression qui saisit chaque membre de la troupe après un spectacle. Elle a vécu son personnage avec une telle intensité…
              Ils en savent quelque chose ceux qui sont venus nous voir ce soir. Il y a là deux des membres les plus passionnés de l’ex-troupe, ceux de Gainsbourg, du « Loft » et du  « Tennessee ». Thelma, la Goulue, Manon, Tom, Tarzan, Dorian… C’est un bonheur de les savoir dans la salle. De leur offrir ce texte…
              Ils reviennent dans les coulisses, ils me confient avoir distillé chaque mot, avoir plongé dans l’atmosphère de la pièce et regretté presque de ne pas y être resté davantage. Outre l’intrigue qu’ils découvrent, la musique, l’ambiance hithkockienne, ils ont éprouvé l’étrange sensation de se retrouver dans des attitudes, des mots, des personnages. Yohann incarnait Tarzan dans « le Loft » et il retrouve un peu du dandy dans le personnage de Ronald. Céline incarnait Thelma dans « le Tennessee club » et elle retrouve un peu du désespoir de cette épouse délaissée dans Rebecca.
              Dans ce rôle là, je la voyais bien en effet.
              Je reviendrai demain sur certaines autres réactions du public.

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Quiet and peaceful : "les petits lochs au fond des glens" (Ronald)
 

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Ceilidh au pub : la première représentation

Publié le par Eric Bertrand

              La première a eu lieu dans l’après-midi devant les lycéens. Ils étaient préparés, avertis une nouvelle fois qu’il ne fallait pas troubler le travail de concentration. Ils ont été bon public et, je crois, se sont laissé entraîner vers l’Écosse. Rien n’a cloché du point de vue technique. Notamment, l’utilisation du vidéo projecteur, maîtrisé par Liliane, n’a pas posé problème. Bien au contraire, les images projetées et distillées sur la scène ont joué leur fonction.
              Les comédiens étaient transcendés comme à chaque fois. Rebecca avait des accents déchirants. Sheumas ne mâchait pas ses mots. Il les faisait tomber comme des tranchants sur la gorge de son frère. John, pathétique dans son cachot, trouvait le bon hurlement. Ronald, machiavélique à souhait, tournoyait autour de ses victimes. Heather trouvait des accents d’un romantisme bouleversant. Les sorcières, plus hystériques que jamais, faisaient un numéro exceptionnel. Les musiciens, chanteuses, claquettes ensemble collaboraient, de façon à rendre le spectacle encore plus magique, poussant plus haut la note et la vibration du tragique. Les techniciens ont trouvé les bonnes lumières pour souligner les atmosphères. Ils ont su accompagner les acteurs jusqu’à la fin, ils ont même pensé, comme je le leur avais demandé au dernier moment, de mettre le disque de Run Rig. Beaucoup de cornemuse là-dedans, c’était l’élément qui manquait en effet. Florian, notre caméraman, était dans la salle : il a assisté à la première répétition du matin, celle qui avait pour but de fixer définitivement les choses. À la fin du spectacle, il s’est montré satisfait, il promet le montage dans les 15 jours à venir.
              Nous surfons sur le commentaire envoyé aujourd’hui par Elfi… merci Elfi de ces mots-là, c’est tout à fait cela la leçon du théâtre et je laisse méditer les acteurs, les musiciens, toute la troupe et ceux qui sont de passage sur ce blog.

F1000006.JPG"Go to the Ceilidh !"

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Vertigo

Publié le par Eric Bertrand

"Yeux rouges et paupières jaunes... Ma, tu n'as pas dormi de la nuit" ! J'emprunte cette formule à Lou pour indiquer dans quel état se trouve la plupart d'entre nous... Je les ai croisés hier, j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots ou regards, c'est à chaque fois l'impression d'un secret qu'il va falloir dévoiler au grand jour, des yeux battus, la mine défaite, le témoignage d'un sommeil agité de cauchemars... Des spectateurs agités, des trous de mémoire, des partenaires incapables, l'orage sur la scène, le texte qui se dévide sans l'acteur comme une bobine de fil...

Nous nous sommes donné rendez vous à 10h00 mais les musiciens encadrés par Alain s'installent dés 9h00. Jenny et Françoise s'occupent d'abord du pique nique et des dernières nécessités liées aux programmes (500 programmes ont été tirés hier, il reste à les plier), il faut aussi acheter les carnets de souche pour les entrées, prévoir un fond caisse... Je rejoins Liliane pour installer le vidéo projecteur et nous serons sur la scène dés 9h00 nous aussi pour les dernières mises au point avec les techniciens et le caméraman qui découvre le spectacle. Une petite répétition est prévue à partir de 10h00, mais elle se fait sans user l'énergie. Les élèves sont impatients, les collègues aussi. Reste à ne pas les décevoir..

F1000005.JPG.

Is there anybody on the stage ?

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"La vérité brute"

Publié le par Eric Bertrand

Avant la grande semaine qui commence, un petit détour par le carnet écossais juste pour souffler et pour retrouver cette ambiance si particulière que je me suis efforcé de traduire dans la pièce et dans le récit.
              Retour de chez Alison et Alan, arrêt aux Whaligoe steps. Lieu sauvage et tragique au même titre que Badbea où nous nous sommes arrêtés en montant le premier jour … Un petit mot donc sur ces deux endroits trop souvent ignorés par le touriste « who is heading up to Thurso to catch the ferry to Orkney islands and who hasn’t even a look at this part of the country ! ». Ca, c’est la phrase de David Nicholson, le gardien du lieu, « quite a character » sur lequel je reviendrai.
              Je l’ai indiqué pour le Ceilidh, et tout le drame qui s’y joue en est pénétré, l’Écosse est marquée par le sentiment du tragique et la mémoire mélancolique de lieux où le temps semble s’être figé dans l’espace immuable…
              C’est d’ailleurs ce que signifie bien la sentence de Rebecca : « Cet endroit saigne la vérité brute. La lande est mauve, le vent souffle dans les bruyères, la falaise est abrupte, l’océan gronde et le désespoir est partout autour de nous ».
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On the way to Caithness, going down to Badbea...
 

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