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FLE :" cadavre de langue vivante"

Publié le par Bertrand

Je pourrai reprendre l'an prochain le travail mené cette année aux côtés des étudiants étrangers... Cette annonce m'a été faite la semaine dernière et confirme que la majorité d'entre eux ont apprécié cette activité. Ce ne sera pas un cours obligatoire mais une option, (deux heures hebdomadaires), ce qui me permettra de n'avoir parmi eux que les plus motivés.

Dans ces conditions, l'idée d'un spectacle de fin de semestre s'impose. Et pour un spectacle, il faut un texte à jouer... L'idée que me suggéraient certains d'entre eux, c'était celle qui consitait à écrire une pièce mettant en scène les difficultés rencontrées par les étudiants étrangers en France.

Lors de la soirée internationale, j'ai parlé plus directement avec eux et j'ai pu vérifier que la vraie difficulté, c'est celle de la langue. Et notamment la langue des jeunes. Ainsi je tenais le sujet de ma pièce (écrite dans la journée du 14.06 dernier) : il s'agit d'une comédie "cadavre de langue vivante". Par le biais des mésaventures de cinq étudiants étrangers (trois garçons et deux filles), je souligne les dangers de la langue zéro de la rue...

La précédente, "la mousse et l'eau de vaisselle", écrite le 5.06, évoquait les difficultés financières et la nécessité de trouver de petits jobs. Elle montrait aussi la difficulté d'exprimer des sentiments et de trouver l'âme soeur...

Ces deux pièces sont intégrées au travail que je m'apprête à proposer aux éditions Ellipses. Mais il me reste à organiser l'ensemble de l'ouvrage... J'y intègre aussi de petites variations qui reprennent divers aspects liés à l'apprentissage linguistique, on voit lesquels demain.   

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A la rencontre de Molière

Publié le par Bertrand

Des exercices de prononciation et d'articulation, des exercices d'occupation de l'espace et de prise en compte du groupe... Tout cela crée une ambiance, décrispe les individus, crée une synergie, mais ça ne marche qu'un temps. Les étudiants attendent autre chose. Parler de Molière, c'est évoquer une icône. Pas de discrédit comme on peut le sentir auprès de certaines classes de lycées, précocement écoueurées par une étude trop figé du maître... L'idée d'aborder Molière les enchante et les pétrifie...

Dans les faits, il s'agit de choisir un extrait. Et là se pose la question de la difficulté de la langue et de la nécessité d'expliquer le contexte. La difficulté de la langue même dans des scènes plus simples destinées à un public plus populaire : la farce par exemple, comme "le médecin malgré lui".

La seule ressource, c'est de partir d'une adaptation et donc d'un premier mouvement d'écriture. Variations sur le thème de la dispute entre Sganarelle et Martine. L'occasion de solliciter tous les travaux autour de l'énergie, de la voix, du corps et de la prise en compte de l'autre. Le thème de la dispute plaît, et le texte de Molière se dévoile enfin, après son adaptation... Ressources de l'écriture, et c'est précisément le travail que je viens d'achever. On en parle demain.

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Sur le rythme d'Elisa et de la Horse

Publié le par Bertrand

L'une des premières séances... Comment dégeler le groupe et les faire bouger ? Comment les faire communiquer en français... Par le biais du mime ! Je les ai organisés en deux groupes et leur ai fait écouter une musique : la bande son du film "Elisa", pas la chanson, la musique pure, dont le rythme est particulièrement accéléré... L'objectif était de leur faire imaginer un scénario dans lequel chacun d'entre eux jouait un rôle particulier. Le résultat a été étonnant, plein d'énergie et de spontanéité. Du point de vue de la langue, c'est ensuite intéressant de leur demander de s'expliquer sur leur scénario et de confronter leur point de vue avec celui des autres, spectateurs...

Même activité à partir d'une autre BO de Gainsbourg : le film "la Horse". Et le scénario imaginé est très proche de la référence au polar. Comme quoi, la musique comporte bel et bien une atmosphère...

Que veulent les étudiants étrangers ? Ils ont manifesté un point de vue intéressant... A suivre.

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Le travail avec des étudiants étrangers

Publié le par Bertrand

Un groupe hétéroclite en face de soi... Des individus bien distincts de tempéraments et d'origines sociales, ethniques. Certains d'entre eux n'ont jamais fait de théâtre et se demandent ce que "cet envoyé" de Rennes 2 est en train de leur proposer ! A ma demande, ils ont bousculé leurs chaises, écarté les tables, rangé les livres et les cahiers. Les Chinois surtout, très maniaques, très studieux, n'ont pas envie de perdre du temps...

Mais cet atelier fait apparaître les difficultés de langue et l'intéret de la pratique s'impose assez vite comme un moyen pour eux de progresser à l'oral et précisément dans les domaines suivants : la phonétique, la force de conviction, le rythme et le débit de la langue, la diversification du message oral.

Voilà rapidement les axes selon lesquels il faut les faire travailler pour gagner leur confiance et les amener à coopérer. Plutôt qu'un spectacle ou même qu'un travail sur des scènes, il faut commencer par des exercices. Et parmi ces exercices, il y a ceux qui impliquent la musique. L'exemple de l'utilisation d'une musique de film de Gainsbourg demain !

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Comment peut-on être persan ?

Publié le par Bertrand

Tout le monde a dû croiser dans sa carrière scolaire ce texte de Montesquieu qui évoque la curiosité des Français à l'égard des Persans qu'il imagine dans "Lettres persanes"... Comme toutes les fables littéraires, celle-ci est instructive et atemporelle... Montesquieu observe la chose suivante : sitôt que le Persan cesse de porter les signes distinctifs de son peuple, sitôt qu'il perd son côté "pittoresque" et "folklorique", il cesse d'amuser, il se banalise et les Parisiens se désintéressent de lui et, incrédules, se demandent "comment être persan?".

Retenons la leçon : il y a une expérience du même ordre à mener au théâtre avec un public étranger... Non pas en "utilisant l'étranger" comme une "curiosité folklorique" mais en comprenant l'immense richesse qu'il peut apporter (du fait de sa différence) au fonctionnement d'un atelier théâtre. Il faut donc voir cela de l'intérieur et ne pas s'en tenir encore une fois au cocktail savoureux que peut produire l'association sur une même scène de comédiens chinois, roumains, grecs, hongrois, vietnamiens, mauriciens, allemands, laosiens... On y vient demain.

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