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Chez René Frégni

Publié le par Bertrand

La rencontre avec un écrivain, surtout lorsque ce dernier est sympathique est toujours un moment stimulant. Cet écrivain est René Frégni, il est en général qualifié d'écrivain de roman noir ou de polar... Je l'ai rencontré au Festival Etonnants Voyageurs de Saint Malo et ma classe de seconde avait beaucoup apprécié son intervention à propos des "Chemins noirs". Ensemble, nous avions pris un café et sympathisé.

L'idée de travailler sur deux de ses oeuvres m'est venue cet été, les élèves étant en général demandeurs de littérature contemporaine. Ce sera avec les secondes "on ne s'endort jamais seul", et avec les premières, "elle danse dans le noir". J'ai donc relu ces deux oeuvres afins de lui proposer une interview lors de notre rencontre à Manosque.

Il faisait un beau temps clair, la place sur laquelle il habite sent bon le marché aux fruit s et le café. C'est le coeur de Manosque. Des marchands de melons et de pêches, le matin, et l'animation des petits cafés et du restaurant "Coté Place" que tenait l'associé de René avant ses déboires avec la justice... René qui intervient en tant qu'animateur d'atelier d'écriture à la prison des Baumettes, s'était associé avec un ex-truand sorti de prison et ce dernier a été rattrapé par son passé (l'écrivain a lui-même été entrainé dans le tourbillon kafkaïen de la justice et vient à peine de s'en tirer la tête haute)... Cet épisode très douloureux est relaté notamment dans "Lettre à mes tueurs".

Voilà pour l'ambiance. Il habite au dernier étage d'un vieil immeuble à quatre étages et son appartement donne sur les toits de Manosque d'un côté (un scénariste de "Hussard sur le toit" est venu travailler ses plans chez lui), et de l'autre, côté place... Après avoir évoqué "l'affaire" dont René vient enfin de s'extirper mais qui le laisse marqué au vif, nous avons réfléchi sous l'oeil de la caméra à propos de ses deux ouvrages, j'y reviens demain.

 
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Editeurs et coquilles

Publié le par Bertrand

Les dernières coquilles corrigées grâce au regard avisé de notre complice de scène... Cette fois, c'est bien fini pour le double texte, le temps des éditeurs est arrivé...

Le travail sur le théâtre en présence d'étudiants étrangers est entre les mains des responsables d'Ellipses qui, en ces temps de rentrée, m'ont prévenu d'un léger différé, quant au "ceilidh", j'envisage de l'envoyer d'abord à Aléas, pour la qualité de leur réalisation et la fidélité de nos relations... En même temps, certains amis me conseillent de l'envoyer aussi pour des raisons de diffusion à un plus grand éditeur de théâtre : Lansman, éditeur installé en Belgique...

En attendant la rentrée scolaire et la prise de contact avec mes futurs comédiens, dans les jours qui viennent un petit retour sur l'un des moments forts de cet été : la rencontre à Manosque d'un écrivain que j'apprécie : René Frégni...

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Quelque part près de Manosque

 

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chi mi'n tir

Publié le par Bertrand

Au moment du dénouement, lorsqu'on lui propose de fuir et d'aller vers la richesse, Sheumas qui s'émerveille de son retour en Ecosse depuis le début de sa mission refuse la proposition. Il clame haut et fort qu'il ne veut pas quitter son Ecosse...

On le voit sur la chaloupe ramer et regarder la beauté phosphorescente de la femme qu'il a en face de lui (on n'est pas loin à ce moment de la légende de la green Lady, du moins c'est l'effet que veut créer la narration!) et tout naturellement la voix qui s'élève, son chant, le ramène au gaélique dont il a souvent parlé pendant le récit.

Ce chant, je l'ai trouvé dans un disque de Donnie Munro, ex chanteur du groupe Run Rig. Il s'agit de "Thi mi'n tir." Je me souviens qu'en Ecosse, dans le petit bagage de chants traditionnels que nous avait donné notre prof de gaélique à la fac d'Aberdeen (il s'appelait Sheumas...) il y avait cette chanson qu'il s'efforçait de nous faire chanter.

Voici en tout cas la traduction en anglais des trois vers qu'il entonne  : "I see the land"

"I see the land of my boyhood / above the mast Leaca Li in my sights / i see the land of my boyhood"

Info pratique : petit silence dans le blog... Je suis en déplacement jusqu'à dimanche.

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Découpage et rythme

Publié le par Bertrand

On peut qualifier ce récit de longue nouvelle. Le fait est que j'y pratique à nouveau l'effort de concentration propre à ce genre : chaque scène compte et agit comme un élément de cette machine implacable qui doit semer terreur et mort comme dans la tragédie.

Là où le trait de concentration est à mon avis le plus net dans l'écriture, c'est quand sonT évoqués des moments de tension : le style se veuT lapidaire, c'est pourquoi on observe dans la disposition de la page de nombreux retours à la ligne. Ce qui, du point de vue des mots, ou des structures de phrase, s'accompagne d'une sorte de hérissement : je parle de "mots ou expressions haïkus", de phrases souvent nominales, dont la fonction est d'accumuler la tension.

Le phénomène peut aussi être observé pour indiquer le passage du temps : car, un peu comme au théâtre, tout se joue en fonction d'un temps qui fait monter le drame. Le drame doit s'achever en un lieu précis vers minuit le 15 juin 2006 et la journée du 14 occupe une large partie de la nouvelle avec plans superposés...

Une dernière trouvaille pour conclure : l'air que fredonne à la fin le personnage de Sheumas. J'en parle demain. 

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Le jeu des points de vue et des voix

Publié le par Bertrand

L'un des principes de narration qui pourrait se rapprocher du théâtre parce qu'il est jeu de masques, c'est la variation des voix et des points de vue. (Il y a même dans ce jeu un plaisir proche de celui qu'on éprouve à incarner un personnage sur scène : écrire devient une opération jubilatoire de transfert vers un autre...)

Ainsi, pour ce qui est des points de vue, je montre Heather avec les yeux de Ronald, il est amoureux d'elle et la désire brutalement, je montre Ronald avec les yeux critiques qui condamnent en lui la fatuité, je montre les sorcières qui arrivent en ville avec les yeux des habitants de Wick qui n'ont pas l'habitude des étrangers et qui se moquent, sont à la limite de l'agressivité...

En même temps, je fais entednre leurs voix, les formules mesquines qui traversent la narration. La voix de Ronald est entendue à plusieurs reprises, quand il fait de l'auto satisfaction, ou quand il pratique ce "lyrisme de pacotille." La voix de Sheumas est plus franche, plus naturelle, c'est un authentique Ecossais qui s'émerveille devant son pays qu'il retrouve...

Par conséquent, toute lecture doit être en mesure de filtrer la narration pour un plus grand plaisir et une meilleure compréhension de ce qui se joue.

Un autre aspect a fourni un travail d'aménagement : la disposition des paragraphes et la mise en relief des phrases. On y revient demain. 

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