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Voyage dans le passé de Stéfan Zweig : dosette de lecture n°78 L’étouffement des passions

Publié le par Eric Bertrand

L’amour total, charnel et spirituel peut-il s’épanouir dans une société guindée où la distance entre les hommes et les femmes est immense, où le foyer, la morale et le confort du mari importent avant tout aux yeux de l’épouse qui se sacrifie à lui afin de lui permettre de réaliser au mieux sa carrière et d’assurer sa réputation ?

          Cette question est posée par l’écrivain Stefan Zweig qui, notamment dans ses nouvelles et celle-ci en particulier, analyse les tourments des cœurs de femmes. Elles sont contraintes par les convenances mais elles bouillonnent à l’intérieur et s’efforcent de ne rien s’autoriser tant que la situation domestique n’évolue pas. À moins que le temps ne vienne faire son œuvre et rendre enfin possible le rendez-vous et la conjonction d’amour tant attendus... C’est le sujet de Voyage dans le temps où Louis, un jeune homme modeste et ambitieux employé chez un grand bourgeois, tombe éperdument amoureux de l’épouse de ce bienfaiteur qui, ravi des qualités de son nouveau collaborateur, l’envoie réaliser des affaires au Mexique. L’absence et la séparation dureront neuf années.

Louis ressemble beaucoup au Frédéric de L’Education sentimentale, pâmé devant la beauté de Mme Arnoux. Même interdit, même idéalisation, même vénération… Il finit par retrouver l’idole, prête à se donner à lui bien des années plus tard. Mais le Temps a écrasé les empreintes et tout ce qu’il est capable de lui dire c’est : « la vue de votre pied me trouble ».

 

 Voyage dans le passé de Stéfan Zweig : dosette de lecture n°78 L’étouffement des passions

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La Plaisanterie de Milan Kundera : dosette de lecture n°77 Le goût de la bonne blague

Publié le par Eric Bertrand

Faut-il adhérer pleinement aux idéaux, s’y livrer de manière « indivisible » et risquer de sombrer dans « l’illusion lyrique » ? La jeune héroïne Markéta semble se  complaire à l’idéal politique au point qu’elle décide de consacrer son temps de vacances à un stage organisé par le Parti dans un château de Bohême.

Pour le moins frustré, son compagnon Ludwik décide de lui adresser sur carte postale une petite « plaisanterie », juste histoire de déranger un tout petit peu ses ardentes convictions. Comme l’auteur lui-même, il a fait ça pour « foncer dans les décors » et bousculer les acteurs qui tiennent le crachoir. Et tant pis s’il dérange ou s’il choque ceux qui ne plaisantent avec la raison du Parti.

La force rabelaisienne de Kundera dans ce roman, c’est de montrer le ridicule de ceux qui défilent et qui, dans leur euphorie, sont prêts à punir, à châtier, voire à mourir pour des idées qu’ils défigurent : « les Saint Jean bouche d’or, qui prêchent le martyre le plus souvent d’ailleurs s’attardent ici-bas » dirait Brassens, autre héritier du maître du rire… Car le mensonge et la mauvaise foi masquent souvent les failles, et ces maitres de cérémonie les brandissent comme des bannières. Comme l’écrit Alain Finkielkraut dans son essai le Sage ne rit qu’en tremblant: « La Plaisanterie se situe précisément à l’entrecroisement entre l’effort multiple des hommes pour donner une forme narrativement satisfaisante à leur existence et les vicissitudes existentielles qui résultent d’une telle aspiration. »

On le voit, ce roman ne se lit pas seulement comme une fable écrite par un écrivain dissident...

 

La Plaisanterie de Milan Kundera : dosette de lecture n°77 Le goût de la bonne blague

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Courir de Jean Echenoz : dosette de lecture n°76. À toute vapeur avec Émile Zatopek.

Publié le par Eric Bertrand

Comment, sans vocation et sans aucun style qui pourrait passer pour « athlétique », un employé de chez Bata devient-il une légende de la course à pied ? Comme l’écrit l’auteur, « Cette machine est un moteur exceptionnel sur lequel on aurait négligé de monter une carrosserie ». Tout commence dans une petite ville de Moravie où le discret Émile devient aux yeux du public « La locomotive », improbable recordman du monde de vitesse sur le 5000, sur le 10000 puis sur le marathon…

Tout le monde a entendu son nom, célèbre comme celui de Pou-pou et je me rappelle, lors de mes premières courses à pied, ma grand-mère qui me criait sur le bord de la route : « Allez, vas-y Zatopek ! » Je ne connaissais pas le champion mais j’aimais ce  nom, et l’auteur va dans ce sens quand il se met à en analyser la charge sonore : « Ce nom de Zatopek qui n’était rien, qui n’était rien qu’un drôle de nom, se met à claquer  universellement en trois syllabes mobiles et mécaniques, valse impitoyable à trois temps, bruit de galop, vrombissement de turbine, cliquetis de bielles ou de soupapes scandé par le k final, précédé par le z initial qui va déjà très vite : on fait zzz et ça va tout de suite vite, comme si cette consonne était un starter ».

          Le charme aussi de cette course narrative à laquelle le livre nous invite, c’est la mise en contexte que réalise Jean Échenoz: dans cette bourgade où a grandi Émile, le seul moyen de réussir, c’est d’être embauché dans l’usine Bata ou dans celle de Matra. L’ouvrier consciencieux et docile devient malgré lui coureur, et sa carrière commence à la période de l’annexion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne. Surviennent ensuite la guerre et les relations tendues de Prague avec la « grande sœur » russe : par la force des choses, le destin d’un champion de l’un des pays de l’Alliance est un enjeu de géopolitique.

Avec l’attention d’un directeur sportif et l’acuité d’un journaliste, l’auteur suit son poulain pendant plus d’une décennie et analyse chacune des courses et chacun des records de cet athlète de haut niveau qui doit aussi composer avec les exigences du Parti.

Mais le vent peut tourner et le coureur accélérer la cadence…

Courir de Jean Echenoz : dosette de lecture n°76.  À toute vapeur avec Émile Zatopek.

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Rentrée littéraire...

Publié le par Eric Bertrand

Bonjour à tous les lecteurs et amateurs des mots. Le ciel se couvre de nuages mélancoliques, les feuilles déjà tombées crissent en même temps que les disques des tournesols, les températures n’ont pas de mal à chuter et la pression monte, bref, c’est la rentrée.

          Rentrée littéraire pour nous à travers cet espace où vont revenir dès ce vendredi les « Dosettes de lecture » en compagnie de Jean Échenoz, auteur entre autres de Je m’en vais, titre dont on aimerait faire un leitmotiv.

Du côté de mes livres et de mon travail d’écriture, je vais poursuivre les chantiers entrepris depuis cette année et puis, pour vous rencontrer, je tâcherai d’être fidèle au calendrier suivant :

  • 9 et 10 septembre à la Fête des Arts de Nieul sur mer
  • 23 et 24 septembre au salon du Livre de Niort.
  • 1er octobre au salon du livre de St Estèphe.
  • 8 octobre au salon du livre de St Mellionec.
  • 14 octobre à la FNAC de la Rochelle.
  • 25 octobre à la Médiathèque de Chatelaillon : rencontre autour des livres écossais sur le thème : « Mystères d’Ecosse »
  • 18 novembre à la librairie Gibert de La Rochelle
  • 4 décembre : conférence à l’UTL de Loudéac sur le thème : « Dans le coffre des Highlands »

En attendant, bonne rentrée !

Rentrée littéraire...

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Début de la promotion de "Chambre 69" en librairie.

Publié le par Eric Bertrand

Début de la promotion de "Chambre 69" en librairie.

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