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La vie comme réservoir à la fin du « Guépard » : dosette de lecture n°75

Publié le par Eric Bertrand

          L’une des beautés du roman de Lampedusa, c’est la méditation sur la condition humaine et sur la figure courageuse de son héros, le prince Salina, qui assimile la vie humaine à un « réservoir » s’épuisant lentement ... Un long passage situé à la fin de l’histoire développe subtilement la métaphore du réservoir et fait mieux appréhender au lecteur ce qu’il y a d’impalpable en l’homme comme les idées, les émotions, les sentiments…

La vie s’échappe du corps du vieil aristocrate en « vapeur au-dessus d’un étang », elle est une vapeur, une « nappe » formée, grossie, roulée au fil des années. Le roman s’achève, après « bruit et fureur », et le prince se meurt dans la chambre d’un hôtel de Palerme qui a vue sur mer. L’impression qu’il ressent finit par s’élever tel un modeste « résidu » face à l’immense océan. « C’était un lundi de la fin juillet, à midi, et la mer de Palerme, compacte, huileuse, inerte, s’étendait devant lui, invraisemblablement immobile... »

Le Guépard offre au lecteur une aventure à fois historique, sociale et intime qui mêle le feu de l’Etna et le bleu de la mer, les pluies torrentielles de l’hiver et le soleil cuisant de l’été, les fruits, les fleurs, le mélange des langues et des voix, les odeurs fortes ou âcres, les parfums légers et toute la beauté tumultueuse de la Sicile. 

Sur ces notes exotiques, je mets un terme estival à ces dosettes et vous donne rendez-vous à la rentrée. Bonnes vacances et bonnes lectures !

#livre #lecture #littérature #roman #Sicile...

#livre #lecture #littérature #roman #Sicile...

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Signatures à Chatelaillon

Publié le par Eric Bertrand

Avant une petite pause pour les vacances, dernier chapitre autour des livres et des contacts avec les lecteurs dimanche matin à la Librairie du Chat qui lit de Chatelaillon. Trois livres sur la table, "Dévalisée" à l'honneur, "Ma Ré haute, ma Ré basse", et l'avant-première de "Chambre 69"...

Très bon accueil dans un climat serein de début de vacances. La mer est à côté et transporte des idées de voyage et de littérature...

Rendez-vous à la librairie du Grand Largue de St martin de Ré le 14 août prochain pour la sortie officielle de cette oeuvre consacrée à Gainsbourg.

Signatures à Chatelaillon

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Découvrir "Chambre 69" avant sa sortie en librairie...

Publié le par Eric Bertrand

              Avis aux amateurs de Gainsbourg, de polars, de littérature... Pour tous ceux qui l'ont commandé, il est arrivé ou il va arriver avant la publication officielle en librairie le 4 août, avec Éditions Hello Il n'est pas trop tard pour obtenir votre exemplaire en suivant la marche suivante : Lien : https://www.helloeditions.fr/article/chambre-69/
Code promo 5% : chambre5

Découvrir "Chambre 69" avant sa sortie en librairie...

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Dostoïevski : Les Frères Karamazov : dosette de lecture n°74

Publié le par Eric Bertrand

       Comment saisir la « logique Karamazovienne » dans un roman qui offre en même temps, à travers l’analyse des trois frères et de leur père, une méditation sur l’homme et sur la religion ? Malraux disait des personnages de Dostoïevski qu’ils étaient des espèces de silex que l’auteur frottait l’un contre l’autre pour en faire jaillir le brasier de la réflexion. Les grandes questions de la foi, de la politique, de l’amour, de la mort sont abordées : « Le cœur de l’homme n’est qu’un champ de bataille où s’affrontent Dieu et le Diable ».

          A noter également cette réflexion sur le destin de la Russie qui prend aujourd’hui une sinistre résonance : « Notre troïka fonce à bride abattue et peut-être fonce-t-elle vers sa perte. Et il y a longtemps déjà que dans toute la Russie, on tend les mains et on supplie que soit arrêtée cette course furieuse qui n’épargne rien. Et si les autres peuples s’écartent encore devant la troïka qui galope à tombeau ouvert, ce n’est peut-être point par respect pour elle mais simplement par effroi. Par effroi et peut-être aussi par répulsion pour elle ; encore est-il heureux qu’ils s’écartent sinon ils pourraient bien cesser de s’écarter pour se dresser en une barrière solide devant le spectre qui s’élance et arrêter eux-mêmes la course folle de nos débordements afin de se sauver , eux, ainsi que la culture et la civilisation. »

 

 

Dostoïevski : Les Frères Karamazov : dosette de lecture n°74

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Jack London : Martin Eden, dosette de lecture n°73

Publié le par Eric Bertrand

Comment un matelot fruste et inculte devient-il un grand écrivain assoiffé d’idéal ? C’est l’histoire étonnante que raconte Jack London dans son roman où le personnage de Martin Eden lui ressemble trait pour trait. Dès les premières pages, le héros trouve sa motivation dans sa volonté inflexible de se mettre au niveau de la délicate Ruth Morse dont il tombe éperdument amoureux ; mais la jeune fille n’appartient pas au même monde que lui et elle fréquente les salons mondains et les hautes sphères de l’université. Martin, lui, ne connaît que « le peuple d’en bas » et dans ses mains calleuses de marin, il n’a jamais tenu de livre. Les vers du recueil de Swinburne qu’il feuillette par hasard dans la bibliothèque de la famille Morse le font étrangement trembler et entrent aussitôt en écho avec son être profond :

« Libérés de nos peurs et de nos espérances

De notre soif de vie vienne la délivrance ! »

Mais en ce début du roman, il est jeune et n’a aucun revenu fixe. Il lui faut avant tout songer à vivre et à se débattre avec les difficultés de son milieu et de sa condition. Peu importe ! Après sa rencontre avec Ruth, Martin s’enflamme et se lance de façon éperdue dans la conquête des livres. Son comportement offre au lecteur, à l’étudiant qui prépare un examen, un exemple magnifique de détermination. Et ce ne sont pas des petits jobs qu’il enchaîne pour payer ses études, mais un véritable travail de forçat qui le conduit souvent à l’abrutissement.

Rien ne l’arrête dans sa quête acharnée. Sa passion inépuisable, son intelligence sauvage et sa résistance à l’effort l’amènent à gagner sur le sommeil et sur la fatigue et à s’émerveiller toujours plus devant le mirage des Idées et de l’Art d’écrire. À ses yeux, le Savoir ne se résout pas à un simple jeu ou à un moyen de trouver « une bonne situation » comme ont tendance à le croire ceux qui, à ses côtés, sont inscrits à la fac. L’Art, la Vérité philosophique, la Connaissance se profilent à l’horizon comme une grande aventure à mener. Et Jack London, écrivain aventurier qui a fréquenté toutes les contrées du monde, qui a exercé tous les métiers, sait de quoi il parle.

Le maitre mot de la réussite, c’est la ténacité.

C’est de cette façon qu’il a pu un jour de son adolescence, vaincre à coups de poings un type plus âgé que lui, membre d’une bande rivale : l’affreux « Tête de Fromage ». Quand, au bout d’onze ans de bagarres, de blessures et d’humiliation, il réussit enfin à lui écrabouiller la figure, il comprend que ce qu’il a accompli ado dans les bas-fonds, il l’accomplira adulte dans les hautes sphères. À condition de ne rien lâcher et de toujours chercher à accéder au degré le plus élevé de ses aspirations, à « cet éclair de lumière blanche, lumière de plus en plus vive » qu’il décrit à la fin du roman. 

Jack London : Martin Eden, dosette de lecture n°73

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